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I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.]

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MessageSujet: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 3 Juil 2011 - 22:23

I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] Babylo12

If it's wrong to love you
Then my heart just won't let me be right
'Cause I've drowned in you
And I won't pull through without you by my side

Ecosse. 1702. Dans une contrée proche d’Edimbourg, toutefois perdue entre plusieurs collines, se dressait l’imposante demeure de la baronne McCracken. Le domaine, s’étendant à perte de vue, était si vaste qu’il était pratiquement impossible de s’y rendre à pieds ; peu importait votre lieu de départ. Seules les personnes véhiculées – avec les moyens de l’époque – étaient susceptibles de fouler la terre des environs. Pourtant, le manoir était continuellement visité par des dizaines de personnes et ce quotidiennement. Certains passaient plusieurs nuits sur place tandis que d’autres ne restaient pas plus de quelques heures. A dire vrai, il y avait perpétuellement de l’activité entre les murs froids de la résidence. La vie et la mort se mêlaient curieusement l’une à l’autre durant des journées entières qui ne semblaient jamais prendre fin. Il s’agissait plus ou moins d’une coutume locale. Ici, les festivités n’avaient pour ainsi dire aucune limite dans le temps. Chaque nuit, les réjouissances reprenaient de plus belle. La vitalité des alentours ne s’essoufflaient à aucun moment. Tel était le fardeau, cependant agréable, des nombreuses âmes qui séjournaient chez Shona McCracken.

« Pourquoi restes-tu seul ici ? » S’enquit une voix féminine et soucieuse derrière lui.
« Je ne suis pas d’humeur festive. » Répondit simplement le vampire, assis dans un large fauteuil, placé dos à l’entrée.
La baronne effectua un pas dans la chambre avant de venir se placer devant son nouveau-né, tout juste âgé de quelques mois. « L’heure est grave alors. » S’exclama-t-elle tout en portant sa main sur son cœur inanimé d’une manière théâtrale. « Laisse-moi régler cet énorme problème. » Poursuivit-elle d’un ton toujours aussi doux. La créature hocha positivement la tête puis esquissa un sourire modéré. Les lèvres de la jeune femme, du moins en apparence, s’étirèrent elles aussi largement tandis qu’un infime bout de tissu glissait lentement le long de ses jambes. Elle s’en débarrassa, attrapa deux pans de sa robe majestueuse puis enjamba les cuisses de Bleidd afin de s’installer confortablement sur ses genoux. « Où est donc passée ton allégresse naturelle ? » Lui murmura-t-elle tout en faisant parcourir ses doigts chétifs le long de son visage blafard.
« Envolée. » Se contenta de répondre l’intéressé qui vint ensuite poser son visage de côté contre la poitrine de sa créatrice à l’emplacement qu’il chérissait le plus, celui où son cœur devait probablement se situer. Dans une attitude à la fois câline et enfantine, il l’encercla de ses bras et se serra davantage contre elle. Il lui arrivait régulièrement d’avoir des gestes tendres comme celui-ci mais la baronne n’en était pas très friande. Elle pouvait les accepter comme elle s’octroyait le droit de les repousser sans plus de cérémonie. Ce soir là, elle semblait être dans ses bons jours car elle glissa une main bienveillante dans la chevelure de son compagnon. « Je sais ce qu’il te faut. » Affirma-t-elle avec conviction. « Je n’ai pas été très présente pour toi ces derniers jours. Visiblement, cela t’affecte. Je vais réparer mes erreurs. » Elle agrippa une grosse poignée de ses cheveux et lui tira la tête vers l’arrière contre le dossier du fauteuil. Scellant fougueusement ses lèvres aux siennes, elle s’appuya sur ses genoux après avoir surélevé son corps de façon à pouvoir accéder à la partie inférieure du corps de Bleidd. Ses mains, qui connaissaient déjà le chemin par cœur, partirent aussitôt à la rencontre de son pantalon qu’elle détacha vivement avant de l’aider à l’abaisser un maximum malgré leur position incommodante. Les doigts du vampire tirèrent instinctivement sur les ficelles du corset de sa robe lorsque leurs deux corps s’unirent charnellement. Si elle avait été encore humaine, nul doute qu’elle aurait fortement manqué de souffle après ce geste violent. Au lieu de cela, l’Ecossaise semblait prendre un malin plaisir à déclencher des réactions vives chez son amant. Après tout, c’était la partie la plus amusante du jeu. L’intérêt que l’on portait aux nouveau-nés était parfaitement fondé. Leur faim était bestiale sur tous les plans.

La tête nichée dans le creux de sa nuque qu’il parsemait de baisers endiablés, sa main droite s’accrochait fermement au jupon de sa robe si bien qu’il était presque sur le point d’en déchirer un morceau. Soumis à la volonté de la maîtresse des lieux, Perkins recevait tout le plaisir que Shona lui procurait et la laissait diriger les opérations, comme elle aimait le faire la plupart du temps. Les mouvements de bassin de la créature placée au-dessus de lui diminuèrent et devinrent progressivement plus lents, sous des râles communs de contentement. Hélas, il ne put assister à la scène qui se déroulait toutefois juste derrière lui. Ses yeux sombres dirigés vers l’entrée de la pièce, la baronne s’efforçait de conserver le visage de Bleidd contre elle pour l’empêcher de le relever même une seule seconde. En réalité, son regard était intensément braqué sur une silhouette élancée debout dans le couloir. La paire d’yeux les observaient avec attention. Depuis combien de temps ? Seul l’homme en question connaissait la réponse. Shona venait seulement de remarquer sa présence. Et sans lui laisser l’occasion d’échapper à l’échange, elle lui adressa un sourire carnassier guidé par ses iris où le désir se lisait clairement. Elle rompit tout contact visuel avec le curieux visiteur et reporta son attention vers son bien aimé qu’elle repoussa avec douceur. Elle dut placer sa main sur sa bouche pour le faire cesser. « Ca suffit pour ce soir. » Souffla-t-elle, amusée par la voracité de sa propre création.

Lorsque la baronne parlait, ses sujets s’exécutaient. Les choses s’étaient toujours déroulées ainsi. Rien ni personne, pas même Bleidd, ne pouvait aller à l’encontre de ses décisions. Les envies de ce dernier l’importaient un jour sur deux, à partir du moment où il était disposé à la contenter elle consentait à faire l’effort de se soucier de lui aussi. Mais bien souvent, tout tournait autour d’elle. L’instant présent en était la preuve formelle. Elle lui déposa un baiser sur le front puis se remit debout avec élégance, récupérant au passage le bout de vêtement qu’elle avait abandonné un peu plus tôt. « Je te fais rapidement parvenir Ailsa. » Dit-elle simplement tout en époussetant des poussières invisibles sur sa robe imposante. Ailsa faisait partie des quelques humains résidant avec eux dans le manoir. Trouvée dans un village voisin, un ami de la baronne lui en avait fait cadeau pour la remercier de sa généreuse hospitalité. Après avoir remarqué l’intérêt certain de Bleidd pour la jeune femme, elle décida de ne pas lui ôter la vie à condition d’offrir sa jugulaire chaque fois que le buveur de sang l’exigeait. Petit à petit, elle devint sa domestique préférée. Son goût était exquis et sa présence agréable. Muette de naissance, la pauvre enfant – seulement âgée de dix-huit ans – était rassurée uniquement lorsqu’il était présent dans la même pièce qu’elle. Sans doute savait-elle qu’il n’avait pas la moindre envie de lui briser la nuque. En fait, sa compagnie était bien plus que plaisante. Car lorsque Shona le mettait volontairement de côté, c’était vers cette humaine qu’il se retournait. Les règles à suivre au manoir étaient nombreuses. L’une d’entre elles lui interdisait toute sortie en journée quand le soleil se situait à son zénith. Les rayons lumineux n’étaient pas dangereux mais leur contact sur sa peau pouvait s’avérer désagréable. Elle tenait à lui faire maintenir son teint pâle d’origine, comme si le soleil pouvait l’attaquer.

La baronne sifflota une mélodie enjouée et rythmée tout en se dirigeant vers la porte tandis que Bleidd replaçait convenablement ses vêtements dans un silence qui ne lui ressemblait pas. « Bonsoir Monsieur Wallander. » S’exclama-t-elle avec entrain alors qu’elle passait à la hauteur de celui qui, vraisemblablement, s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Toujours d’un air joyeux, elle disparût à l’autre bout de l’étage où l’attendaient des escaliers qui la conduiraient ensuite dans les dédales de couloirs interminables. La main de Bleidd se crispa nerveusement sur l’accoudoir du fauteuil mais relâcha son étreinte avant de risquer de l’abimer. Il remit de l’ordre dans ses cheveux puis se releva finalement, nullement préparé à l’entrevue qui allait suivre. Samson – qu’il avait encore du mal à appeler par son prénom – ne l’avait pas informé de sa visite nocturne aujourd’hui. Même si la surprise était agréable, elle n’en demeurait pas moins perturbante. Alors placé dos à lui, il se retourna seulement à moitié dans sa direction afin d’avoir l’opportunité de le regarder. « Bonsoir Samson. » Dit-il à mi-voix, presque timidement. La simple vue de ses yeux émeraude dans lesquels se reflétaient les flammes des bougies présentes dans l’entrée suffit à le faire défaillir. Le souvenir de leur dernier entretien, deux jours plus tôt, le percuta violemment. Des regards échangés. Une complicité presque déplacée. Une longue conversation. Et un baiser. Surtout un baiser.

Bleidd Perkins
Bleidd Perkins


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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyMar 5 Juil 2011 - 1:26

Une bruine automnale recouvrait de fines perles l’immense pelouse qui entourait la propriété de la Baronne McCracken. Un corbeau croassa dans le lointain, son cri porté par la brise légère qui jouait avec les branches dégarnies des platanes. Les tons orangés de saison se mêlaient harmonieusement au vert typique du pays. La vue était des plus agréables pour l’unique témoin qui se tenait debout au beau milieu des jardins. Alors que son regard embrassait l’imposante bâtisse qui trônait à une centaine de mètres de là, sa main gauche s’aventura contre le tronc de l’arbre le plus proche ; ses doigts caressèrent l’écorce, s’imprégnant des imperfections qui caractérisait cette matière. Que faisait-il là exactement ? Dans ce pays qui ressemblait en de nombreux points à ceux qu’il avait fréquentés auparavant ? Le climat pluvieux ne le changeait pas de ses Provinces-Unies natales. Les paysages verdoyants ne faisaient que lui rappeler les interminables prairies d’Irlande. L’Ecosse n’avait rien d’extraordinaire ni d’attirant, il avait uniquement choisi cette destination car elle était la plus commode pour prendre la fuite. Tout le monde l’imaginerait parti à l’autre bout du monde après ce qu’il avait fait ; rester géographiquement aussi proche du lieu qu’il venait de quitter était un merveilleux pied-de-nez destiné à ceux qui avaient cherché à le brider contre son gré. Cela allait faire sept ans qu’il avait pris la poudre d’escampette, qu’il avait renoncé à la compagnie des belles Irlandaises au profit des prudes Ecossaises. Sept années qui pouvaient passer pour bagatelle dans une existence vampirique mais qu’il avait mis à profit au maximum pour se faire une place de choix au sein de la communauté locale. Son charme naturel, considérablement amélioré depuis sa transformation, avait fait des émules dès son arrivée en ville, sa réputation d’électron libre s’était répandue comme une traînée de poudre. Tout le monde avait souhaité rencontrer ce vampire dont le mode de vie était à l’opposé des leurs. De fil en aiguille, il s’était intégré au réseau existant, nouant des amitiés de-ci de-là selon ses besoins et ses envies. C’était justement à l’une de ses relations qu’il devait de se trouver dans ce parc privé, en ce début de soirée chaud et humide pour la saison : Shona McCracken, figure centrale de la haute société Edimbourgeoise l’avait invité à séjourner en sa demeure pendant quelques jours. Dénué de logement officiel depuis son arrivée en Ecosse, il n’avait pu décliner l’offre, qui lui permettrait par-dessus le marché de se trouver au cœur des événements importants. Les fêtes de la Baronne étaient en effet réputées pour ne regrouper que le gratin, l’élite locale. Tant au niveau de la hiérarchie vampirique que de la qualité des humains qui s’offraient aux immortels.

Samson n’était pas homme à refuser l’hospitalité d’un toit et de sang bien chaud, même si ceux-ci appartenaient à une personnalité qu’il détestait du plus profond de son être. Cependant, s’il avait accepté l’invitation de la Baronne, c’était avant tout pour profiter de la compagnie de son dernier né, sa dernière création. Bleidd Perkins était un Ecossais pure souche, au tempérament de feu et dont les yeux pouvaient concurrencer sans peine l’Océan lui-même. Dès le premier regard, et même s’il avait été incapable d’expliquer pourquoi, Wallander avait su que le tout jeune vampire était trop bien pour celle qu’il appelait sa maîtresse. Shona McCracken élevait des chiens bien obéissants alors qu’elle avait vraisemblablement affaire ici à un esprit libre, indomptable. Toutefois, il la savait douée en dressage, nul doute qu’avec du temps et les arguments adéquats, elle parviendrait à mettre à genoux celui à qui elle avait récemment arraché l’humanité. Samson ne connaissait rien de ce Bleidd mais, étrangement, il ne cautionnait pas de le voir à la botte de cette lunatique aussi belle qu’empoisonnée. Le vampire centenaire inspira vainement l’air frais du crépuscule, un pâle sourire prenant possession de ses traits. Les souvenirs de l’avant-veille lui revinrent en mémoire avec une agréable précision. S’il fermait les yeux, le visage de l’Ecossais s’imposait à lui comme dans le plus doux des songes, sa voix emplissait sa boîte crânienne de son accent enjoué et unique. S’il laissait la vision continuer, venait alors le moment fatidique où leurs lèvres étaient entrées en contact de manière si naturelle que Wallander avait été persuadé qu’elles avaient attendu ce moment depuis qu’il avait poussé son premier cri sur cette Terre. Jamais auparavant n’avait-il ressenti pareille émotion, il avait eu le sentiment d’être à sa place. Chose qui ne lui était arrivé ni de son vivant ni au cours de son existence « morte ». Le risque immense pris lors de cet échange unique ne lui était revenu qu’une fois seul en ville, quelques heures après son départ de la propriété. S’exposer ainsi, dehors, à des yeux malintentionnés, aurait pu lui coûter très cher. Seulement, il ne regrettait pas un seul instant la témérité dont il avait fait montre. Le jeu en avait valu la chandelle, ce baiser avait ranimé en lui une flamme qu’il pensait éteinte depuis des décennies. Flamme qu’il ne comptait pas laisser dépérir une fois encore sans sortir les armes.

La fine pluie avait collé ses cheveux sur son front et ses vêtements contre sa peau. Il franchit les hautes portes d’entrée que des serviteurs humains ouvrirent sur son passage, se laissant envahir par la chaleur des lieux. La Baronne s’arrangeait toujours pour rendre son manoir aussi accueillant que possible, tant pour ses congénères vampires que pour la nourriture, qui devait se conserver au chaud pour garder tous ses bienfaits. Au détour d’un couloir, il croisa un groupe de familiers qui le saluèrent d’un mouvement commun. Il ne s’arrêta pas, leur répondant sans même ralentir son allure. Ce n’était pas la première fois qu’il était hébergé dans cette demeure, il commençait à la connaître comme sa poche et savait parfaitement dans quelle chambre il trouverait les affaires qu’il avait fait envoyer peu de temps avant son arrivée. Ses pas le menèrent instinctivement à l’étage, à travers divers couloirs seulement différenciables grâce à la couleur des tapisseries placées au mur, puis il fut arrêté dans son élan par des gémissements reconnaissables entre milles. Guidé par une curiosité malsaine, le vampire s’avança jusque dans l’embrasure de la porte d’où provenaient les râles d’extase. Wallander capta alors le regard de la femme installée à califourchon sur son amant – qu’il ne voyait pas mais dont l’identité était évidente, ne fut-ce qu’à cause de cette boule douloureuse lui nouant l’estomac –, il pouvait lire du défi dans ses yeux sombres, comme si elle l’intimait de rester, s’il osait. Bien sûr, il n’était pas homme à renoncer à une telle bravade et il croisa les bras devant lui dans une attitude tout aussi provocatrice. Il rassembla l’intégralité de son sang-froid pour supporter la scène sans broncher, aussi désagréable fut l’expérience. Il rêva à une hache aiguisée avec laquelle décapiter la Baronne et une fois cette vision disparue de son esprit, il fut ravi de constater que la maîtresse des lieux en avait terminé avec son jouet. Voir Bleidd à ce point à sa merci tira une grimace de dégoût à l’Hollandais qui détourna le regard, n’y tenant plus. Sa mâchoire se serra et il dut faire un effort considérable pour remplacer sa moue par un sourire lorsque la dame passa près de lui. « Baronne, » répondit-il neutralement à son salut. Il procéda à la petite révérence d’usage puis la regarda disparaître dans le long corridor. Beaucoup plus serein de la savoir loin, il se retourna sur Perkins qui avait enfin remarqué sa présence.

Samson laissa son regard parcourir la pièce, à la recherche de la bonne introduction à leur conversation, mais rien ne lui vint. Il ne parvenait pas à se concentrer suffisamment après ce qu’il venait de se passer. Imaginer ce à quoi Bleidd pouvait ressembler sans ses vêtements ne l’aidait pas non plus. « Bonsoir, » reprit-il en écho, n’osant prononcer le prénom du propriétaire de la chambre de peur de voir le charme se rompre. Il jeta un coup d’œil nerveux de l’autre côté de la porte puis, une fois assuré qu’il n’y avait bel et bien plus personne dans le couloir, s’avança un peu plus profondément à l’intérieur de la pièce. Debout juste derrière le fauteuil, élément central du premier acte, le Hollandais chercha le regard de son interlocuteur qui semblait le fuir. « Je vous présente mes excuses, je ne voulais pas interrompre quoi que ce soit. » La vérité était qu’il avait été plus que ravi de le faire, même si dans un premier temps la perspective d’être le témoin d’une telle scène n’avait rien d’attrayant. « La Baronne m’a invité à rester quelques jours, » se sentit-il obligé d’avouer pour justifier sa présence entre ses quatre murs. Il ne pouvait décemment pas confesser que s’il se trouvait ici, c’était avant tout pour profiter de la compagnie de l’Ecossais. C’aurait été manquer de décence et de retenu. En même temps, il ne pouvait nier que la seule chose dont il avait envie à cette seconde précise était de se ruer sur lui et de s’approprier ses lèvres si appétissantes.

Samson Wallander
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyVen 8 Juil 2011 - 22:03

A sa connaissance, son existence n’avait pas de véritable sens, ni même de but précis d’ailleurs. Sans la Baronne auprès de lui, Bleidd n’avait pour ainsi dire aucune raison valable d’occuper une place sur cette Terre. Certes s’agissait-il d’une vision des choses plutôt extrême dans son ensemble, mais les vérités n’étaient pas toujours bonnes à entendre. En choisissant de le vider intégralement de son sang, Shona McCracken ne lui avait pas seulement ôté son dernier souffle. Sa mémoire toute entière lui fût dérobée sans son consentement. Le souvenir de sa femme aimante et de ses trois enfants ? Balayé comme tout le reste. Contrairement aux autres vampires peuplant le monde, l’Ecossais ne possédait hélas pas de première vie. Enfin si, il était actuellement en train de la savourer. Certains pouvaient se vanter d’être aptes à conter des dizaines d’anecdotes grotesques sur leur parcours humain. Lui était bien incapable d’en raconter une seule. Son prénom était à ce jour la seule chose de son passé dont il disposait avec certitude. Ses proches, sa demeure, ses amis, sa ville natale ; tout avait été effacé. Il fut donc très simple pour cette créature provenant des terres voisines anglaises de modeler cette carapace vide à sa guise. Elle qui l’avait dans un premier temps choisi pour des raisons purement esthétiques, elle ne fut pas le moins du monde déçue par sa dernière création qui dépassait de loin les précédentes ; pour le coup mises au placard. Bleidd lui avait généreusement offert la possibilité de le façonner à sa manière afin d’être totalement satisfaite du résultat. Une aubaine pour une vampire de sa caste. Il n’était pas donné à tout le monde de saisir une telle opportunité. De ce fait, le nouveau-né pensait avoir toutes les raisons du monde d’être à ce point dévoué à celle qu’il nommait maîtresse. Ne possédant aucune marque de comparaison, ce quotidien le contentait pleinement. Du moins, c’était ce qu’il croyait avant de croiser la route du beau et mystérieux Samson Wallander. Ce dernier avait scrupuleusement altéré sa perception de l’immortalité et sa manière d’en profiter. Seules quelques paroles bien placées de sa part avaient réussi à faire cheminer un doute certain dans son esprit jusqu’alors sans préoccupation réelle. A dire vrai, avant leur première rencontre, le jeune buveur de sang n’avait pas encore eu l’occasion de ressentir pareille sensation. La liberté ne s’était jamais présentée à lui comme une nécessité vitale. En réalité, sans doute estimait-il déjà nager en plein dedans de part sa nature d’être immortel. Le pouvoir que la Baronne exerçait sur lui et tous ses autres sujets n’avait jamais constitué un quelconque problème. Pourtant, il se savait pertinemment soumis à la Dame. Il était parfaitement conscient de vivre sous le joug d’une tortionnaire lunatique mais en quoi cela était-il un mal ? Curieusement, il avait attendu d’entendre des mots lourds de sens – lesquels il n’ignorait cependant pas – prononcés par un parfait étranger pour se rendre compte de la complexité de sa situation. Il ne connaissait absolument rien de cet individu sorti de nulle part. D’ailleurs, quel genre de rapports le liait à sa créatrice ? Pourquoi s’exposer à un danger inutile et risquer de tout perdre ? Voire même encourir la décapitation ? Il espérait bien trouver des réponses à ses questions trop nombreuses, ce soir, si Samson osait dévoiler une autre partie secrète de sa personne. Il semblait à la fois si accessible et lointain. Plus le raisonnement se frayait un chemin jusqu’à sa boîte crânienne, plus il se demandait la chose suivante : méritait-il que le Hollandais perde un peu de son temps certainement précieux avec lui ? Avait-il seulement l’étoffe nécessaire pour concourir au titre de simple compagnon ? Un monde, défini par l’infini lui-même, les séparait l’un de l’autre. Nul besoin de posséder les capacités intellectuelles du plus grand des savants pour comprendre qu’un univers tout entier se dressait de manière conséquente entre eux deux. Etait-ce donc vraiment raisonnable d’entamer pareil jeu dangereux avec lui ? Trophée, lot de consolation ou aucun prix, Bleidd se fichait pas mal de la récompense tant que le vampire centenaire lui laissait sa chance en lui permettant de l’approcher.

L’Ecossais pivota agilement sur lui-même, de manière à faire face à son interlocuteur. Le seul obstacle présent sur leurs trajectoires respectives était ce fauteuil sur lequel il venait de passer un moment en apparence agréable. « Vous n’avez rien interrompu. » Répondit-il avec empressement, sans doute par gêne. S’il avait mis un temps considérablement long à remarquer sa présence, il comprenait néanmoins la réaction étrange de la Baronne qui avait préféré prendre la poudre d’escampette. Interrompre leurs ébats alors que Bleidd n’avait pas obtenu totale satisfaction était un comportement anodin chez elle. En revanche, laisser ses invités entrer et sortir du manoir comme dans un moulin ne lui ressemblait guère. Le laisser seul avec quelqu’un, dans sa chambre qui plus était, encore moins. Cette réflexion quitta rapidement son esprit quand l’homme lui fit part d’une information dont il n’avait pas connaissance. Pourtant, il pensait tout savoir. Il devait s’agir d’un oubli de Shona. « Quelle excellente nouvelle ! » S’exclama-t-il avec une joie mal dissimulée. « Enfin… Vous aurez cette fois-ci le temps nécessaire pour faire connaissance avec tous nos convives. » Se sentit-il obligé d’ajouter pour étouffer maladroitement son enthousiasme trop évident. Il s’approcha ensuite de lui à pas de velours, sa main glissant furtivement sur le dossier du fauteuil qu’il dépassa pour venir se placer devant le grand brun. « Vous êtes trempé… » Fit-il remarquer alors que ses yeux bleu s’attardaient sur ses vêtements supérieurs qui lui collaient joliment à la peau. Pour appuyer ses paroles, ses doigts s’agrippèrent à sa longue veste sombre qui lui donnait fière allure avant de la tirer légèrement par un pan.

Sur le seuil de la porte se tenait une jeune femme, ne dépassant pas le mètre soixante, tête baissée, attendant probablement d’être invitée à entrer. Ses longs cheveux d’un roux flamboyant dissimulaient son visage pourtant si charmant. « Ailsa. » Dit-il simplement pour la saluer tandis qu’elle effectuait une petite révérence. « N’ayez crainte, entrez » L’humaine s’exécuta et franchit un pas dans la pièce avant de refermer silencieusement la porte derrière elle. Geste purement et simplement instinctif. Le repas était sans nul doute le moment le plus apprécié et le plus attendu de l’espèce vampirique. Un minimum de respect était demandé. La pauvre enfant, muette, effectua quelques pas dans leur direction mais conserva une certaine distance. Non pas par peur. Elle restait simplement à la place qui lui incombait – celle de domestique – et n’agissait jamais sans l’accord de ses maîtres. Bleidd s’éloigna de l’Hollandais pour rejoindre la rouquine tout juste âgée de dix-huit ans. La sachant un peu timide, il glissa sa main dans la sienne avant de l’entraîner jusqu’au lit sur le bord duquel il prit place. Il tapota un endroit du matelas près de lui pour l’inviter à s’asseoir à ses côtés. Chose qu’elle fit. Son choix vestimentaire n’était pas dû au hasard. Vêtue d’une robe très sobre mais d’un blanc immaculé, l’Ecossais éprouvait un plaisir indescriptible lorsque le bout de tissu s’imbibait de ce liquide rouge tant caractéristique. « Avez-vous dîné ? » S’enquit subitement le propriétaire des lieux qui releva un regard interrogateur vers Samson. Ailsa, quant à elle, se risqua elle aussi à jeter un coup d’œil en direction de cet homme à la fois intriguant et effrayant.

Bleidd Perkins
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyVen 8 Juil 2011 - 23:31

Parce qu’il avait fait le choix d’un mode de vie « alternatif », qui ne répondait pas aux critères de leur caste ni de l’époque, Samson était souvent regardé comme un lépreux par ses semblables. Ces derniers ne cautionnaient pas qu’il s’exhibe ouvertement sans maître ni compagnon ; il était tout bonnement impensable d’errer de ville en ville sans compagnie. Le Hollandais était perçu comme un rapace avide de chair fraîche, dont l’œil averti cherchait sa prochaine proie avec avidité. Nombreux étaient ceux qui le surveillaient jalousement, craignant qu’il ne leur enlève leurs protégés ou ne pille leurs fortunes. Il était un peu le vilain petit canard de la Haute Société vampirique. Mais il n’en avait cure. Il assumait pleinement son existence solitaire ; après la débâcle qu’avait été la vie avec son créateur, il profitait de cette liberté retrouvée au goût exquis. En près d’une décennie, il ne s’était attaché à personne, vagabondant d’une ville à l’autre sans but précis, tout simplement poussé par la curiosité de découvrir de nouvelles têtes, de se familiariser avec ce monde qui était désormais le sien. A aucun moment il n’avait ressenti ce manque qui allait de paire avec l’absence de réels contacts « humains » - dans le sens social du terme, il n’était pas le moins intéressé par des relations amicales avec cette sous-espèce – parce qu’il ne se remémorait que des souvenirs négatifs. Ses années en tant que mortel, ses échanges avec son créateur, avec les amis de ce dernier. Non, rien ne le prédisposait à se lier au-delà des limites de la courtoisie avec un autre individu. Evidemment, ce détachement en effrayait plus d’un, rares étaient ceux qui pouvaient prétendre comprendre sa vision des choses. Tous ces vampires allaient forcément par groupes de deux, trois, voire davantage au sein des castes les plus élevées. Un être isolé dans un univers grégaire était voué à recevoir les regards en coin et les commentaires désobligeants. Tel était le lot de Wallander depuis son arrivée en Grande-Bretagne. Fort heureusement, tous ses semblables n’étaient pas fermés d’esprit et il était parvenu, en dépit de son manque flagrant d’efforts pour s’intégrer, à développer des affinités. Qu’il doive ces dernières à son charme naturel, son bagout ou son physique flatteur, il savait constamment en faire bon usage. Rien ni personne n’était laissé au hasard dans le quotidien de Samson Wallander. Personne, sauf peut-être l’homme qui se trouvait actuellement en face de lui et qui demeurait encore à ce jour une énigme indéchiffrable. L’invité ne savait rien de l’Ecossais d’autre que ce que la baronne avait bien voulu lui dévoiler – des bribes d’informations datant d’après sa transformation, autrement dit dénuées d’intérêt – mais il aspirait à en connaître toujours plus. C’était devenu un besoin presque aussi vital qu’une dose journalière de sang. Pourquoi ? Comment ? Il n’en avait pas l’ombre d’une idée. Il éprouvait seulement un manque qui ne s’avérait comblé que lorsqu’il se trouvait dans la même pièce que lui. Une attraction dangereuse qu’il ne maîtrisait pas le liait à Bleidd Perkins. Et cela l’inquiétait tout de même un peu. Il n’était pas habitué à ressentir des émotions aussi fortes.

Une bouffée de chaleur imaginaire étreignit sa poitrine, à l’endroit où s’était jadis trouvé un cœur qui battait, dès l’instant où le jeune vampire ouvrit la bouche. Il hocha silencieusement la tête à sa réponse plus polie qu’honnête : bien sûr qu’il avait interrompu un moment spécial entre lui et sa maîtresse, énoncer le contraire équivalait à le traiter de simple d’esprit, toutefois Samson n’était pas dans l’état d’esprit de lui en vouloir. Bien au contraire, il appréciait sa volonté de le préserver, d’une certaine manière. « J’y compte bien, » répondit-il en hochant, encore une fois, la tête, plus cette fois pour dissimuler un sourire irrésistible. Si l’émotion qu’il avait ressentie quelques secondes plus tôt en entendant son prénom prononcer par son accent écossait avait été forte, elle n’était rien en comparaison du plaisir qu’il recevait désormais de le voir aussi extatique à l’annonce de son séjour prolongé au sein du manoir McCracken. Il posa un regard insistant sur le charmant maître des lieux tandis que celui-ci se rapprochait lentement de lui, détaillant avec précision son allure échevelée qui ne laissait aucun doute sur l’expérience qu’il venait de vivre. Etrangement, il n’était plus fâché ou jaloux. Il se délectait de la vue sans arrière-pensée. Jamais Samson n’avait été attiré par un représentant du même sexe, cette idée ne lui avait même pas une seule fois traversé l’esprit et il comprenait pourquoi : jamais auparavant il ne lui avait été donné de poser les yeux sur une créature aussi délicieuse que Bleidd Perkins. Personne sur cette terre, humains et vampires confondus, n’était parvenu à l’intriguer autant en si peu de temps ; pourtant, il en avait parcouru des kilomètres en cent-treize années d’errance. Il aurait pu continuer sa route sans esquisser le moindre pas dans sa direction, cependant l’Ecossais avait en retour montré des signes d’intérêt auquel Samson s’était empressé de s’agripper fermement. Peut-être était-ce une très mauvaise idée, mais il n’était pas prêt à lâcher pour le moment. D’autant plus si Bleidd continuait de réduire l’intervalle réglementaire qui les séparait. « Je ne me suis pas encore habitué à la météo écossaise, » murmura-t-il en levant haut la tête, frissonnant à cause de cette promiscuité nouvelle et de la foule de sensations inhabituelles qui l’accompagnaient.

L’Irlandais d’adoption s’empressa de se reculer d’un pas, les deux bras derrière le dos, alors qu’une troisième personne s’invitait dans la pièce. Le soulagement de ne pas reconnaître la silhouette familière de la Baronne put se lire sur le visage de Wallander, en même temps qu’une bonne dose de déception ; pourquoi fallait-il qu’un tiers individu vienne rompre ce moment spécial entre eux ? L’odeur qui émanait de la domestique était délicate, alléchante et, par conséquent, insoutenable aux narines de Samson qui traversait une phase de faim quasi perpétuelle. Il baissa la tête sur ses chaussures pour ne pas avoir à contempler le spectacle qui allait suivre – il avait discerné les marques dans le cou de la demoiselle, preuve qu’elle était plus une usine à sang qu’une servante quelconque. Décidément, ce jour n’était pas le sien, après avoir surpris les maîtres du manoir dans une position que nombreux auraient jugé compromettantes, voilà qu’il allait devoir subir le repas de l’un d’entre eux. Non, vraiment, c’en était trop, même pour lui. « Oui, je me suis restauré dans une taverne en chemin, » mentit-il habilement. Son regard se prit dans celui de la domestique, dans lequel il put lire à la fois une certaine crainte mais également un profond désir de se rendre utile. Pathétique. Il éprouva presque de la peine pour cette pauvre enfant. Sentiment qui s’évanouit dès l’instant où il mit fin à leur contact visuel pour le réinstaurer avec Bleidd. Il avait envie d’accepter sa proposition ; non seulement parce qu’il avait faim, mais surtout parce qu’il souhaitait passer plus de temps en sa compagnie. Toutefois, il savait combien il pouvait perdre toute sa superbe lorsqu’il se repaissait d’une gorge féminine. L’avidité le poussait dans un état à la limite de la folie, s’il se laissait aller à ses pulsions devant l’Ecossais, nul doute qu’il le ferait déguerpir rapidement. Il doutait que ce dernier apprécie qu’il ne vide complètement de son sang la jolie Ailsa. « Je devrais sans doute vous laisser à votre repas. Je ne veux pas vous imposer ma présence une seconde fois. » Samson courba l’échine en un début de révérence sans pour autant faire un pas en direction de la sortie. Il pouvait se trouver toutes les excuses du monde, il n’était pas décidé à franchir la porte de cette chambre.

Samson Wallander
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptySam 16 Juil 2011 - 17:29

Bleidd Perkins n'était pas un vampire banal, c'était le moins que l'on puisse dire. Il n'était pas comme les autres. Bien qu'ayant le statut de nouveau-né, ses agissements - notamment envers la race humaine - n'étaient en rien similaires à l'ensemble de ses semblables. D'accord possédait-il cette grande part de sauvagerie au fond de lui mais il ne pouvait faire taire le prédateur qui sommeillait en lui. Quand bien même l'aurait-il un minimum souhaité, cela aurait été contre nature. Toutefois il savait faire preuve d'une retenue exemplaire, impressionnante et avant tout déroutante. Pourquoi diable un spécimen de leur espèce voudrait-il - de lui-même en plus - freiner ses ardeurs alors qu'il était parfaitement normal pour eux de se livrer à leurs plus bas instincts ? Dans le cas de l'écossais, sans doute par tenue et désir de bien paraître aux yeux d'autrui. Malgré sa soumission certaine à la Baronne McCracken, le petit dernier conservait inconsciemment ses habitudes passées, ses idées et pensées d'autrefois, mais aussi son goût prononcé pour la noblesse et tout ce qu'elle pouvait représenter. Autant l'avouer, Bleidd affectionnait tout particulièrement le confort certain que sa créatrice lui apportait et offrait. Jadis il n'était déjà pas un homme aux plaisirs simples, et il ne le serait probablement jamais. Il possédait des manières propres à son rang et appréciait de façon inexplicable se montrer sous son meilleur jour, mettant en avant sa personnalité incroyablement cultivée. Même si son cœur ne battait plus et que son âme n'était plus de ce monde, il était encore en mesure d'agir presque humainement. Pas de langage inapproprié ni même de geste déplacé, et encore moins de mares de sang dans lesquels se baigner. Le tout était de se repaître avec classe et dignité. On aurait pu accuser son mode de vie ou encore l'éducation qu'il avait reçu, mais cela n'aurait pas été correct. S'il y avait une chose pour laquelle la Baronne n'était pas responsable, c'était bien cela. Le vampire n'avait pas été "élevé" ainsi, il avait simplement choisi de son propre chef d'adopter ce comportement. Quand on prenait le temps de se perdre dans son regard océan - et que l'on parvenait à éviter la noyade pourtant logique - seul du bon pouvait s'y refléter. Aucun désir de nuire. Peut-être que l'intérêt général porté à son égard résidait dans cette singularité bien étrange qu'il avait. Pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé. A plusieurs reprises Shona l'avait confronté à divers corps ensanglantés pour stimuler l'intégralité de ses sens, seulement ses réactions furent à chaque fois différentes.

Il n'avait pas souvent eu l'occasion de s'entretenir avec l'individu qu'il lui faisait présentement face, néanmoins le vampire presque centenaire lui apparaissait comme l'une des personnes faisant partie de son cercle restreint de proches. Ou du moins ce projet en suspens promettait de très prochainement se réaliser. Tous deux ignoraient pratiquement tout de l'autre et pourtant ils donnaient l'impression de se connaître depuis toujours. Comme des amis de longue date, et bien plus encore. Malgré tout l'amour - réel et incontestable - qu'il ressentait pour sa maîtresse, il ne pouvait renier plus longtemps ce flot violent de sentiments qui l'assaillait chaque fois que Monsieur Wallander avait le malheur de poser ses iris émeraude déstabilisantes sur lui. Un seul regard de l'hollandais suffisait à désarmer n'importe qui, adversaires et partenaires confondus. Même si Bleidd n'entrait dans aucune de ces catégories, il n'était hélas pas épargné par le charme dévastateur de cet être mystérieux à souhait.

Lorsque son nouvel invité l'informa du repas qu'il avait déjà avalé avant de se rendre au manoir, l'écossais hocha brièvement la tête, prenant en compte ses paroles. Bien qu'un peu déçu, il se tourna pleinement vers Ailsa dont il caressa les cheveux avec douceur, partant de ses racines au niveau de l'arrière de sa nuque et finissant sa course à ses pointes. La fidélité n'avait jamais représenté un sujet récurrent durant les discussions entre créatrice et nouveau-né, au contraire, la Baronne l'incitait à laisser parler ses pulsions les plus primaires sans doute dans l'intention d'en récolter égoïstement les fruits au final. Cependant un détail - qui modifiait certainement la donne - était à prendre en considération. Shona McCracken savait ses sujets entièrement dévoués à elle, aussi bien sur le plan sentimentale que physique. Par conséquent, jamais elle n'avait été amenée à se sentir menacée d'une quelconque manière par qui que ce soit. Perkins ignorait où se situaient les limites à ne franchir sous aucun prétexte. De son côté, jamais il ne s'était risqué à laisser ses sentiments s'approcher d'un peu trop près de quelqu'un d'autre qu'elle. D'abord parce que personne n'avait su attirer son attention jusqu'à ce jour et ensuite car l'anglaise d'origine ne l'aurait nullement permis. Assurément, la brunette gardait un œil averti et attentif sur sa progéniture, veillant bien à éviter les promiscuités émotionnelles entre ses connaissances et principalement son jouet favoris. Etrangement elle lui accordait les écarts charnels à partir du moment où elle lui donnait son aval. Bien sûr ce débat n'avait jamais pris vie mais le propriétaire des lieux savait très bien à quoi s'en tenir. C'est la raison pour laquelle il se sentait à ce point confus lors de ses entrevues - trop peu nombreuses - avec le grand brun. Il avait pertinemment conscience de faire quelque chose de mal en se comportant de manière aussi familière avec lui. Le danger pimentait agréablement son quotidien bien fade contrairement à l'image que les apparences renvoyaient. Il n'y avait rien d'attrayant ou d'amusant au fait de mener une existence totalement régie par une tierce personne.

« Mais vous venez tout juste d'arriver... » Fit-il remarquer avec toute la tristesse que ses yeux bleus pouvaient exprimer. « Restez, s'il vous plaît. » Lui intima-t-il avec douceur alors que son visage partait à la rencontre de la nuque découverte de la demoiselle. Ses lèvres entrèrent en contact avec sa peau bouillante, certainement réchauffée plus que le nécessaire par le feu ardent de l'imposante cheminée centrale de la chambre. Les crocs sortis, il mordit délicatement dans la chair de la domestique dont la main gauche vint fermement se cramponner à la cuisse de Bleidd. Ce dernier posa sa paume sur le dos de sa main tandis qu'il se délectait de son sang, toujours avec propreté. Après une dernière lampée de ce liquide rouge, il recula son visage et braqua aussitôt son regard en direction de Samson qui ne s'était pas décidé à quitter la pièce, ses longues dents blanches bien en évidence. « Pour moi... » Se sentit-il ensuite obligé d'ajouter comme si ces mots avaient le pouvoir de définitivement le convaincre de rester avec lui. Il était à peu près certain que la Baronne reviendrait faire un tour de ce côté-ci du manoir, il était donc important de profiter de chaque seconde passée ensemble. S'il choisissait de partir alors aucune occasion de se retrouver seuls, semblable à celle-ci, ne se représenterait ce soir. Il en était persuadé. C'est la raison pour laquelle il se pencha à nouveau sur la rouquine, cette fois pour lui murmurer des paroles indistinctes aux creux de l'oreille. L'écossais s'essuya rapidement les lèvres à l'aide de son index avant de se saisir de la main de la jeune femme afin de passer soigneusement son doigt sur son avant-bras pâle où une épaisse traînée de sang y était à présent dessiné. Par la suite, Ailsa se remit debout et se dirigea vers leur invité devant lequel elle s'arrêta. La pauvre enfant fut contrainte de lever haut la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Dans un geste lent mais nullement hésitant, elle lui offrit son bras - celui-là même que Bleidd avait marqué - en le tendant généreusement tout près de ses lèvres. Toujours assis au bord du lit, le jeune vampire observait avec attention la scène qui se déroulait devant lui, incitant l'homme à se lancer d'un léger signe de tête alors qu'un sourire amusé étirait à présent ses lèvres rougies.

Bleidd Perkins
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 17 Juil 2011 - 19:10

S’il avait ne serait-ce qu’une seconde écouté sa raison, Samson se serait rendu compte que rester était une terrible méprise. Il abusait déjà de la « générosité » de la Baronne en passant la nuit au sein de son manoir, en chassant avec son aval les paysans qui cultivaient ses terres, en paradant lors des festivités qu’elle organisait fréquemment ; il n’était par conséquent que peu enclin à en demander plus sous peine de se sentir redevable un jour ou l’autre. La dernière chose qu’il souhaitait était d’avoir à rendre des comptes à l’Anglaise, d’être rattaché à elle par une dette futile qu’il aurait pu éviter. Il faisait donc attention à là où il mettait les pieds, prenait les précautions nécessaires pour demeurer à l’écart, pour se faire le plus discret, le moins vorace. Toutefois, nombreuses étaient les tentations et sa faculté de résistance était fortement mise à mal chaque jour que Dieu faisait. Sa soif de sang se faisait pressante mais elle n’était rien face au doux calvaire qu’il ressentait dès l’instant où il se trouvait en présence du jeune Bleidd Perkins. De le savoir si près et pourtant si loin. De l’avoir à portée de main mais de se voir refuser le droit de le toucher. De lui parler de la pluie et du beau temps alors qu’il souhaitait l’emporter dans des conversations beaucoup moins académiques. Le sommeil ne l’emportait plus depuis des décennies, il était néanmoins persuadé que si les rêves lui avaient été autorisés une seule fois encore, ils auraient été remplis de ces actes inaccomplis, de l’envoûtant regard de l’Ecossais, de ces lèvres qui lui faisaient incroyablement envie. A défaut de pouvoir s’endormir sur de telles images, il les gardait précieusement enfermées à double tour dans un coin de son esprit, les préservant de cette réalité désagréable qui le muselait comme s’il avait été un animal sauvage. Ce qu’il s’avérait être à de nombreux égards, il était vrai, même s’il s’estimait plutôt docile depuis qu’il avait fait la connaissance du dernier né de Shona McCracken. D’une certaine manière, il croyait qu’en agissant – pour une fois – en suivant les règles du jeu, il parviendrait à récolter sa récompense. Cela faisait bien longtemps que le destin n’avait pas joué en sa faveur, une petite exception serait fortement appréciée. Même si, sur une pléthore de plans, Wallander n’était pas à plaindre. Il était bel homme, avait du succès auprès de ses semblables et son charisme lui permettait d’acquérir avec une aise naturelle des gorges volontaires. Pourtant, il existait bien ce vide à l’intérieur de son cœur mort qui l’empêchait de profiter pleinement de sa condition vampirique. Vide qui remontait à un passé bien plus lointain que sa mort.

Entre la silhouette de Bleidd et l’odeur enivrante de la domestique, les sens de Samson ne savaient plus vers quel saint se vouer. Il était envahi par cette foule de sensations aussi plaisantes qu’interdites sans être en mesure de se laisser totalement aller. Il devait se contenir, préserver cette allure distante qui incombait à son rang, à la place qui était sienne au sein de ce manoir. Il n’avait aucun droit de succomber. Cette partie du contrat qui le liait à ce foyer qui n’était pas sien devait avoir échapper à l’Ecossais puisque ce dernier lui intima de ne pas partir, le poignardant par la même occasion du bleu perçant de ses yeux. Un regard pareil aurait pu l’emmener jusqu’aux confins des Enfers sans qu’il n’émette la moindre objection ; alors, évidemment, il fut incapable de faire un pas en arrière. Il subit par conséquent de plein fouet la scène qui suivit. Lui arracher un membre avec une paire de ciseaux rouillée n’aurait pas pu lui faire plus de mal, toutefois, il fut contraint de voir les canines blanches de Perkins rompre la fine couche de peau dans la nuque de la servante, de sentir la fragrance entêtante des rares gouttes qui parvenaient à échapper aux lampées gourmandes du maître des lieux. Samson pouvait lui même imaginer le goût du précieux liquide dans sa bouche. C’était aussi pénible que délicieux. Il détourna la tête, ne supportant plus le mal que lui infligeait une telle vision, et se concentra moins bien que mal sur les motifs du tapis installé sur le sol. Finalement, après ce qui lui sembla être une éternité, il s’autorisa un nouveau regard en direction du duo assis sur le rebord du lit. L’échange du maître et de sa subordonnée prit fin la seconde suivante et Samson eut à nouveau droit à un regard insistant de la part de l’Ecossais. Sa volonté de fer rendit les armes face à son ultime requête. Il aurait fait tellement de choses « pour lui » qu’il ne pouvait plus prétendre ne pas avoir envie de goûter à son tour à cette Aisla qui s’offrait sans broncher. A quoi bon faire la forte tête plus longtemps alors qu’il n’y avait aucun témoin ? Il était certain que Bleidd ne répandrait pas à tous vents cette entrevue ; quant à la domestique, eh bien, elle n’était pas la mieux placée pour répandre des ragots.

Tandis qu’il partait à la recherche d’une nouvelle raison obscure de refuser l’offre – c’était décidément plus fort que lui – la jeune humaine interrompit le fil de ses pensées en se rapprochant de lui avec l’air d’un condamné qui se rendait à la potence. Si elle vouait une confiance aveugle en son maître, elle ne ressentait vraisemblablement pas la même émotion face au Hollandais. Etait-il à ce point impressionnant qu’elle le regardait avec une telle terreur incrustée dans ses prunelles ? Sans doute. Il était habitué à ce genre de jugement ; il aurait menti en prétendant ne pas se délecter de la frayeur de ses proies. La situation était pourtant différente, il aurait souhaité autre chose de la part d’une jeune femme habitué au contact des vampires. Il tira un maigre réconfort en imaginant qu’elle devait éprouver autant de peur lorsqu’elle se trouvait dans la même pièce que la baronne. « Merci, » murmura-t-il autant à l’attention d’Aisla que de l’Ecossais, sans sourciller. Il attrapa avec une délicatesse que personne ne lui aurait soupçonné le bras de la domestique et baissa le visage de telle sorte à caresser doucement la marque ensanglantée du bout des lèvres. Ses canines s’allongèrent pour venir se planter dans le poignet généreusement offert. Les premières gouttes de sang s’écoulèrent dans le gosier du vampire quasi centenaire et il les accueillit avec ravissement. Ses yeux se fermèrent pour qu’il profitât à cent pourcents du moment. Sa langue accompagna le mouvement de ses crocs pour ingurgiter le plus de liquide possible sans en gaspiller la plus petite perle. Comme il l’avait soupçonné, elle était délicieuse. Il était aisé de comprendre pourquoi Bleidd la tenait en si haute estime et l’avait faite sienne. Tandis que sa bouche se relevait légèrement pour ne plus envelopper la plaie béante, il rouvrit les yeux pour les diriger vers l’Ecossais qui n’avait pas perdu une miette du spectacle. Cette réalisation le fit se redresser davantage, il changea sa main de place, la passant du coude au poignet de la demoiselle pour l’enserrer sans violence, simplement pour éviter que le sang ne s’écoule de trop hors de son corps. Ce fut dans cette position, presque comme s’il la tenait par la main, qu’il la ramena auprès de son vampire attitré. Il attendit qu’elle s’installât de nouveau sur le lit pour y prendre place à son tour. « Elle est divine, merci, » répéta-t-il, le regard rivé dans celui de l’Ecossais alors qu’il faisait glisser son doigt sur la peau de l’humaine, dévoilant à nouveau sa blessure. Il amena son bras jusqu’à son visage et reprit une gorgée timide. Sa main libre vint se poser sur la couverture du lit, ses lèvres allaient et venaient contre l’épiderme d’Aisla, ses yeux ne quittaient pas Bleidd, dans l’expectative de le voir reprendre son repas à son tour.

Le partage n’était pas dans les habitudes de Wallander, il n’éprouvait néanmoins aucune aversion envers celui qui l’avait forcé à le faire. Bien au contraire, il trouvait l’expérience très attrayante. Excitante même. A chaque fois que le liquide rougeâtre s’enfonçait dans sa gorge, Samson laissait ses doigts caresser tendrement le poignet de la domestique. Ses gestes ne démontraient aucune brusquerie parce qu’il avait l’impression d’être connecté à Perkins à cette seconde précise comme il ne l’avait jamais été avec personne. Aisla était comme un messager entre eux et chaque toucher était retransmis au vampire installé de l’autre côté. Il pouvait lui-même ressentir le courant qui passait entre les trois protagonistes. La main de Bleidd posée sur la hanche de la servante semblait avoir pris possession de la sienne. Sa propre langue ne jouait plus sur l’articulation de l’innocente demoiselle mais bien sur le bras pâle de celui qui était son fruit défendu. L’instant était intense. Trop peut-être pour le Hollandais qui y mit fin en se redressant de toute sa hauteur. Il mit fin à tout contact avec la jeune femme sans pour autant défaire son regard de la scène. Voir Perkins se nourrir était une vision tout aussi délectable que le liquide qu’il venait lui-même d’ingérer. Le sang renouvelé de ses veines teinta de gris ses yeux naturellement verts et il apprécia d’un sourire la chaleur que son corps décharné avait retrouvée.

Samson Wallander
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 24 Juil 2011 - 11:49

Une vie de palace. Cela résumait plutôt bien le quotidien de Bleidd entre les murs froids du manoir McCracken. Sa situation faisait très certainement pâlir de jalousie le plus mort des vampires mais aussi le plus vivant des humains. Si l’on mettait de côté le régime alimentaire auquel son espèce était soumise, son existence était en tout point idyllique. Il n’avait rien à envier à personne. Pour la simple et bonne raison que tout ce que Monsieur exigeait, Monsieur avait. Il n’était certes pas le maître des lieux mais possédait toutefois une grande part de pouvoir. Par conséquent, Samson Wallander était autant son invité que celui de la très chère Baronne. Si l’être centenaire lui faisait part de ses tourments, nul doute qu’il lui rétorquerait avec assurance qu’il ne devait être redevable de rien du tout. Shona entretenait peut-être des relations étranges et ambiguës même avec ses amis les plus proches, il n’en était pas de même pour l’Ecossais qui ne cherchait aucunement à monnayer ses services. Ses intentions étaient foncièrement bonnes et avant tout sincères, il ne pensait pas une seule seconde à tirer profit de ses amitiés. S’il prétendait prendre plaisir à partager ne serait-ce qu’un début de soirée avec le grand brun, c’est qu’il le pensait réellement. Contrairement à sa maîtresse – pour qui rien n’était gratuit – il n’attendait absolument rien en retour. Son désir le plus cher était de le faire passer un agréable moment en sa compagnie afin qu’il ne croit pas un seul instant s’être déplacé jusqu’ici pour rien. Et pour ce faire, il était prêt à tout. Si son convive ressentait l’envie soudaine de savourer plusieurs jugulaires, en même temps ou séparément, il se ferait un plaisir immense de lui fournir ces humains consentants sur un véritable plateau d’argent. En règle générale, il appliquait ce raisonnement avec tous ceux qui pénétraient sur les terres du domaine. Mais avec Samson, les choses étaient quelque peu différentes. A côté de cela, il n’hésiterait pas à se plier en quatre pour le contenter. Le satisfaire était sa priorité numéro un. En définitive, rien n’était trop beau pour les yeux de ce bel inconnu. Pourtant, les rumeurs allaient bon train au sujet de l’Hollandais. Des bruits de couloirs lui avaient révélé qu’il n’était pas un homme des plus faciles à vivre, qu’il possédait un caractère bien trempé et une assurance sans borne. Malgré sa classe innée et néanmoins un côté très gentleman, il était à priori aussi connu pour ne pas faire dans la demi-mesure. Ses talents vampiriques n’étaient d’ailleurs plus à prouver, même auprès de la caste la plus haute. La Baronne en était la preuve formelle. Hélas son éloquence parfaite perdait une bonne partie de son charme lorsqu’il passait aux travaux pratiques. L’anglaise d’origine ne cessait de lui rappeler que les chances de survie des victimes de Wallander étaient généralement faibles et qu’il devait apprendre de cet homme. Il comprenait la signification de ses mots mais ne les concevait toutefois pas. L’individu qui lui faisait actuellement face ne ressemblait aucunement à la description établie par l’avis général des alentours. Comment un être aussi doux, calme, et posé que lui pouvait inspirer la peur ? Il n’avait certes pas souvent eu l’occasion de s’entretenir longuement avec lui mais les quelques rares fois avaient suffit à définitivement le convaincre qu’aucune forme d’agressivité ne pouvait se lire dans son regard émeraude envoutant. Il s’adressait à lui avec une politesse presque poussée à l’extrême. Son attitude frôlait même parfois la timidité. Non, il ne croyait pas un traître mot de ce que tous avançaient.

Il n’y avait qu’à le voir agir présentement face à sa proposition. Pourquoi personne ne pouvait percevoir les choses sous le même angle que lui ? Samson n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. A croire que la couleur singulière de ses yeux lui apportait aussi en parallèle une vision différente et bien plus avancée de tout ce qui l’entourait. La scène qui se déroulait maintenant dans la chambre de Perkins n’était en rien préméditée. Tout comme chacune de leur entrevue était teintée d’une touche d’imprévu qui lui donnait des palpitations à son cœur hélas mort. Partager ce repas ensemble dissimulait intelligemment un message caché plein de sous-entendus. Par cette requête étonnante, il l’invitait implicitement à rallonger la durée de son séjour ici. Et par conséquent, à lui rendre plus souvent des visites privées. Jamais auparavant une telle idée ne lui avait traversé l’esprit. Il n’était pas dans ses habitudes de se repaître à la même source que celle de la Baronne, ou du moins pas simultanément. Cette pensée s’était offerte à lui comme la plus claire des évidences. Et vraisemblablement, il ne regrettait absolument pas son choix. Il n’aimait pas devoir insister pour obtenir quelque chose mais il avait sans nul doute bien fait dans le cas présent car Samson avait fini par lui céder. Preuve qu’il en avait toutefois envie malgré son premier refus, non ? Immobile et attentif, il se délecta du deuxième acte qui prenait forme à seulement quelques mètres de lui. Le regard ébahi, c’est subjugué qu’il les observait tous les deux sans prononcer le moindre mot, pas même un souffle. Une alchimie incontestée existait entre lui et la domestique, mais cette vision des deux protagonistes lui intimait qu’il n’était pas contre l’idée de partager ses biens. D’où il se tenait, la vue était splendide voire paradisiaque. Elle le ravissait plus que de raison. Simple spectateur, il n’éprouvait aucun regret de ne pas faire partie de ce tableau captivant.

Lorsque leur échange prit fin, l’Ecossais ne put réprimer un large aussi à la fois conquis et affamé. Il les suivit attentivement du regard quand ils s’installèrent à tour de rôle près de lui, les mots lui manquaient. « Vous ne regretterez pas de vous être joint à nous. » Ou plutôt à moi, songea-t-il sans toutefois parvenir à le formuler à haute voix. Samson repartit à l’assaut du frêle poignet de la jeune femme tandis que Bleidd s’attaquait à sa longue chevelure flamboyante dans laquelle il glissait tendrement ses doigts comme pour la rassurer et lui certifier que tout allait bien. Libérant sa nuque d’un geste précis de la main, il vint effleurer sa peau de ses lèvres et répéta ce mouvement plusieurs fois jusqu’à ce que ses crocs apparaissent d’eux-mêmes à cause de l’odeur enivrante qui émanait d’elle. Il planta ses dents longues dans sa chair à l’instant même où le grand brun se détachait de la jolie Ailsa. Une main posée sur sa hanche, l’autre agrippée à ses cheveux, le vampire sentit une pointe de désir brutal affoler le moindre de ses sens encore actifs. Avec délicatesse, il allongea la rouquine sur le dos tout en basculant avec elle sur le lit, la surplombant de toute sa masse. L’avidité avec laquelle ses lèvres aspiraient le liquide rouge donnait l’impression qu’il désirait la vider totalement de son sang. Ses doigts blafards quittèrent sa taille pour venir empoigner sa cuisse avec force et la soulever légèrement sous le poids de l’envie. C’est avec un contrôle détonant qu’il interrompit ses lampées voraces pour adresser un regard explosif en direction de son invité. « Pars… » Souffla-t-il doucement au creux de l’oreille de l’humaine qui se hissa aussitôt hors du lit alors que la créature se redressait en position assise. Le petit bout de femme se plia en une dernière révérence polie avant de quitter silencieusement la pièce, refermant immédiatement la porte derrière elle. Ses crocs ensanglantés toujours sortis, il glissa discrètement sur le matelas pour franchir les quelques centimètres qui le séparaient de l’objet premier de ses désirs. De manière peu équivoque, sa langue vint lécher le contour de ses propres lèvres afin de faire disparaître le sang qui y coulait encore en abondance. Il ne put d’ailleurs pas retirer les traces qui allaient du coin de sa bouche jusqu’à son menton. A l’inverse sa main vint se poser presque timidement sur le haut de la cuisse du vampire, ayant pleinement conscience de dépasser les limites du raisonnable en se comportant d’une manière qui ne laissait présager aucun doute quant à ses intentions les plus intimes. Très lentement, il approcha son visage du sien comme pour lui laisser l’occasion de l’interrompre s’il ne désirait pas aller plus loin. Après tout, Wallander avait déjà traversé quatre-vingt années sous forme vampirique. Il lui devait donc une certaine marque de respect. La hiérarchie était importante dans leur milieu, il le savait pertinemment. Prenant une grande inspiration inutile qui lui gonfla le torse d’un air futile, il prit son courage à deux mains et scella ses lèvres aux siennes dans un baiser lascif. Dès le premier contact physique, ses crocs se rétractèrent aussitôt face à la sensualité du moment. Sa main, logée sur sa cuisse, se déplaça progressivement vers l’intérieur de celle-ci jusqu’à arriver à un point où elle ne pouvait plus avancer. C’était de la pure folie. Bleidd avait parfaitement conscience qu’ils risquaient tous les deux gros s’ils venaient à être surpris dans cette position explicite. Mais s’il n’agissait pas maintenant, alors quand le pourrait-il ? Et où ? Il se contrefichait pas mal du qu’en-dira-t-on et des réprimandes qui allaient très prochainement suivre. C’était une moindre punition comparée à la satisfaction ressentie en avouant librement ce qu’il éprouvait pour l’homme assis à ses côtés.

Bleidd Perkins
Bleidd Perkins


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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyLun 25 Juil 2011 - 2:03

A bien des égards et du haut de ses quatre-vingt printemps vampiriques, Samson faisait partie des « petits nouveaux », des plus jeunes représentants de son espèce. Il n’avait parcouru que trois pays – et encore, il comptait celui qui l’avait vu naître alors qu’il n’en avait vu que les champs qui entouraient sa modeste propriété – et son expérience sur le terrain lui avait été rapidement inculquée par un créateur qui en connaissait énormément sur tout. Muireadhach MacFhiacra était un noble depuis sa naissance, en plein dans l’Irlande médiévale, qui s’était retrouvé immortel après avoir croisé le chemin d’un guerrier viking un peu différent des autres – disons simplement que sa soif de sang n’était alors pas uniquement dictée par un désir de conquête. A l’époque, les temps étaient durs pour tout le monde, simples humains comme vampires, et le grand brun avait dû se démener comme un beau diable pour s’en sortir ; ce fut d’autant plus pénible pour lui qu’il dut faire sans figure « paternelle », l’être qui lui avait ôté la vie avait en effet jugé préférable de l’abandonner à son sort quelques semaines après sa métamorphose. Par conséquent, Muireadhach avait développé cette même tendance à ne s’occuper que très succinctement des rares pauvres bougres qu’il transformait. Exception avait été faite de son petit dernier, Wallander lui-même, qui n’avait pourtant à la base rien d’extraordinaire si ce n’était une lâcheté surhumaine. Il l’avait élevé comme s’il avait été son enfant, lui avait appris les bases de la vie de vampire, la hiérarchie, les méthodes de chasse, la rhétorique. Tout, absolument tout ce qui faisait de lui ce qu’il était, il le partagea avec son ultime création. Malheureusement, toute cette connaissance avait un prix et Samson souffrit atrocement de cet entraînement de choc. Il eut à peine le temps de se remettre de sa nouvelle condition que déjà il était traîné à travers le pays pour découvrir tout ce qui ferait désormais partie de son quotidien. Il avait été forcé d’intégrer très rapidement les principes qui lui étaient enseignés, le cas échéant il subissait les remontrances douloureuses de son créateur. Même si, durant les décennies partagées avec ce dernier, il avait été en mesure de ressentir l’attachement qui les liait, comme la partie obligatoire d’un contrat inégal, il n’avait jamais éprouvé la moindre sympathie pour cette créature des ténèbres. Tandis que sa tête lui intimait d’être reconnaissant du nouveau départ qu’il lui avait offert, la plus grosse part de lui refusait de lui devoir quoi que ce fût. Il le détestait de l’avoir fait souffrir autant.

Alors, forcément, et même si cela le tuait de le reconnaître, l’alchimie évidente qui existait entre Bleidd et la Baronne laissait le Hollandais pantois. L’Ecossais possédait tout ce qu’un homme, vivant ou cliniquement mort, pouvait désirer. Samson lui-même s’étonnait de l’envier sur certains aspects ; il n’avait jamais connu le faste qu’à travers les biens des autres, il ne possédait rien ni personne. Tel était le prix de cette liberté dont il se targuait tant. En plus d’être maître de richesses qui dépassaient l’entendement, Perkins avait également droit à une créatrice qui tenait le rôle de mère, d’amante et d’amie, fait qui n’était que peu fréquent à l’époque. Certes, elle faisait également office de bourreau sous de nombreux aspects mais pas suffisamment pour qu’un observateur extérieur ne plaigne le tout jeune vampire. S’il n’avait pas éprouvé autant d’empathie envers lui, Samson aurait même été le dernier à compatir. Seulement voilà, il se mettait à la place de l’Ecossais et aussitôt il se rendait compte à quel point cette prison dorée qui l’entourait était toxique. Aucune personne dotée de raison n’aurait imaginé passer l’éternité dans ce manoir, certes gigantesque et magnifique, mais également aussi sombre que le cœur de sa propriétaire. Bleidd apparaissait plus comme étant un être rayonnant, dont la lumière se dispensait sur tous ceux qu’il touchait. Sa place n’était définitivement pas entre ces murs. Mais qui était-il, lui, tout vampire libre qu’il se prétendait, pour l’obliger à tourner le dos à ce luxe gratuit ? Personne. Il n’était personne. Et un simple baiser échangé au cours d’une promenade en soirée ne lui conférait aucun passe-droit. Il devait se rendre à l’évidence, en observant le jeune Perkins boire avidement à la gorge de sa domestique, que cette vie lui plaisait telle qu’elle était, il ne devait même pas avoir questionné une seule fois sa créatrice sur le monde extérieur. Pourquoi l’aurait-il fait alors que tout ce dont il avait besoin était à portée de main ici ? Pour la première fois depuis bien longtemps, Samson était à court d’arguments avant même d’avoir engagé le débat. Cette vision fugace d’une évasion discrète n’appartenait pas au monde réel. Seul son esprit lui autorisait des songes aussi insensés.

Les quelques gouttes qu’il venait d’ingérer – mais qui devait correspondre à une quantité très importante pour la servante – n’équivalait qu’à des amuse-bouches. Au lieu d’étancher sa soif, elles n’avaient fait que l’exacerber davantage. Il pouvait sentir le besoin d’en reprendre parcourir l’ensemble de ses veines, le rendant encore plus nerveux qu’il ne l’était déjà. Il devait se retenir, il fallait qu’il se retienne. Comme s’il lisait dans ses pensées – ou bien était-ce seulement un désir d’intimité qui le poussa à agir de la sorte –, Bleidd ordonna à l’humaine de les laisser. Samson suivit sa chevelure rousse jusqu’à ce que celle-ci disparaisse dans le couloir. Il écouta le bruit de ses pas se perdre dans l’écho du manoir avant de se tourner à nouveau en direction du propriétaire de la chambre. S’il pensait être débarrassé de sa plus forte tentation, il n’était en réalité que tomber de Charybde en Scylla. Sitôt son regard ancré dans celui azur de son interlocuteur qui s’était discrètement rapproché, Wallander sut qu’il était maudit. Il ne pourrait jamais résister à ce visage qui le détaillait sans le moindre scrupule. Il était irrémédiablement attiré par ses lèvres tant et si bien qu’il avait l’impression de les voir se rapprocher. Dans un clignement d’yeux plus efficace qu’une pincette, il réalisa que son imagination ne lui jouait pas des tours : Perkins était bel et bien de plus en plus près. La distance réglementaire avait tout bonnement volé en éclats au profit d’un contact direct entre une main et une cuisse. Bien qu’il eût été celui qui avait pris les commandes du baiser, dans le parc, quelque temps plus tôt, Samson se retrouvait désarmé par les avances de l’Ecossais. Il ne s’était pas préparé à cela, pas comme ça, pas ici, alors que la Baronne pouvait à tout moment les surprendre. Toutes ses pensées s’envolèrent tel un lâcher de colombes un jour de mariage à l’instant même où il sentit les lèvres pulpeuses de Bleidd sur les siennes. Sa main gauche, comme dictée par un libre-arbitre qui lui était propre, s’aventura jusque dans ses cheveux pour les agripper avec passion. La seconde, après moult hésitations, décida de prendre possession du bas de sa chemise, la serrant fermement à mesure que sa langue rencontrait envieusement celle de son compagnon. Il en voulait toujours plus et le sang qui perlait aux coins de la bouche du plus jeune n’améliorait nullement son état. C’était mal, il en était conscient, mais dieu que c’était bon.

Mettant momentanément fin à leur étreinte fougueuse, il jeta un rapide coup d’œil en direction de la porte fermée. Il s’était déjà retrouvé pris dans une aventure interdite avec une femme mariée, néanmoins l’excitation ressentie durant chacune de leurs entrevues n’était absolument rien à côté de ce qu’il éprouvait dans le manoir de Shona McCracken. Il se sentait comme un enfant fautif qui attendait avec inquiétude la punition de ses parents mais qui continuait de chercher un moyen de ne pas se faire attraper. Lâchant son vêtement, Samson attrapa la main située au niveau de son entrejambe et la porta jusqu’à son visage. Il déposa un baiser à l’intérieur de sa paume puis vint la placer contre son torse, à l’endroit où, un jour, avait battu un cœur. Sa bouche repartit ensuite à l’assaut de celle de l’objet de ses tourments dans une succession de fiévreux et incontrôlables baisers. Rien ne semblait en mesure de l’arrêter. Rien si ce n’était la culpabilité. « On ne devrait pas, » murmura-t-il sans interrompre leurs échanges. « La baronne… » Cette fois, ce nom les fit s’arrêter tous les deux. Wallander posa son front sur celui de son camarade, une main en soutien dans sa nuque et ses yeux plongés dans les siens. « Je doute qu’elle apprécie de me voir lui dérober son bien le plus précieux… »

Samson Wallander
Samson Wallander


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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 7 Aoû 2011 - 18:33

Le temps s’était hélas déjà arrêté une première fois sur eux, interrompant par conséquent l’évolution pourtant obligatoire de leurs corps. Outre le fait d’avoir échappé aux plus mauvais jours de leurs existences respectives – la vieillesse n’était une partie de plaisir pour personne –, les deux vampires pouvaient se satisfaire d’avoir été mordus à un moment quasi-parfait de leur vie. Leurs physiques ne s’étaient jamais mieux sentis que maintenant, comme si la mort était effectivement une délivrance. Elle avait aussi du bon quand elle nous permettait d’errer de manière « matérielle » sur Terre plutôt que sous forme de poussières quelque part dans les cieux. Leurs visages s’étaient figés dans une perfection sans nom, poussée à son apogée depuis leur renaissance. Jusqu’à présent, Bleidd n’avait jamais vraiment recherché une autre fonction à son enveloppe corporelle. Il vivait de jeux, de flirts et de contacts charnels la majeure partie du temps illimité qui leur était accordé. C’est ainsi que la Baronne avait façonné ses « bébés », peu nombreux cette année. La jeune créature n’avait aucune notion du bien ou du mal, tout comme elle ignorait à quel endroit fixer les maigres limites du raisonnable. Il n’était même pas autorisé à chasser de lui-même. Activité bien trop salissante prétendait Shona McCracken. Il devait adopter le comportement d’un homme de bonne famille et écouter sagement les conseils de ses aînés. Sauf que la patience de Bleidd commençait doucement à s’effriter. Jusque là, il avait toujours su contenir ses caprices – ceci n’était vraisemblablement pas le premier – mais la présence du vampire présentement à ses côtés ne faisait qu’accélérer le processus. Au fond de lui, il se sentait comme plus nerveux que d’habitude. Étonnamment plus agité, il ne parvenait pas à s’expliquer lui-même une telle attitude si soudaine et impromptue. A l’image d’un enfant un peu trop dissipé, il ne pouvait canaliser plus longtemps cette énergie débordante qui le parcourait de toute part et lui intimait d’agir en son âme et conscience, même s’il ne possédait désormais plus l’une des deux propositions.

Même s’il n’était pas très malin de leur part de se comporter ainsi sous le toit de la Baronne, le jeune vampire réclamait secrètement toujours un peu plus de ce danger ambiant qui flottait dans l’air à chacune de leur entrevue. Quand il posait ses yeux clairs sur la silhouette élancée de son congénère, seul un mot lui venait à l’esprit : perfection. Curieusement, il se surprenait même à faire preuve d’égoïsme. Il fallait replacer les choses dans leur contexte, Samson Wallander était l’invité de sa maîtresse et non le sien. Ou alors par intermittence, quand elle décidait de vaquer à ses occupations comme aujourd’hui et leur laissait l’opportunité de se retrouver seuls. Entre ces murs, il n’était qu’un sujet parmi tant d’autres. Il ne possédait aucun droit lorsque la Baronne prenait les devants. Et pourtant, une part de rébellion s’insinuait dans son esprit déjà fort perturbé par les événements. Il le voulait lui, tout entier. Rien que pour lui. Sa démesure habituelle le contraignait même à se montrer intolérant envers tous ceux qui croisaient la route du bel étranger. Le déséquilibre émotionnel qui s’emparait actuellement de lui aurait par ailleurs fortement aimé qu’il réponde désormais au doux nom de compagnon. Il devait certainement s’agir de l’une des nombreuses extravagances de l’Ecossais dont la plupart lui passait rapidement, à la différence de celle-ci qui prenait chaque jour un peu plus de place dans ses pensées. Samson n’en avait probablement pas conscience mais il l’acculait silencieusement vers une folie des grandeurs qui de toute évidence ne lui ressemblait guère.

Chacun des gestes du grand brun était une réelle déchirure pour lui, comme une blessure profonde qu’on lui infligerait ; même si techniquement il n’était plus en mesure de se souvenir d’une telle sensation. Véritable torture, le baiser qu’il lui déposa dans le creux de sa paume le conforta définitivement dans l’idée que sa place était ailleurs. Il ignorait encore où. Mais tant que Samson restait à ses côtés, la destination l’importait peu. S’appuyant de sa main libre sur le matelas de manière à pouvoir se pencher librement vers son semblable, il laissa ses lèvres se faire capturer par l’élan du prédateur qui lui faisait face. Ses mouvements respiraient une sensualité qui lui était jusqu’alors inconnue. La Baronne insufflait un respect certain de part sa simple présence. Mais ce à quoi le confrontait présentement Wallander était totalement différent. Sans en connaître la raison, il parvenait à l’harponner à lui avec une facilité déconcertante à l’aide de sa bouche enivrante. Il répondit avec ardeur à la multitude de baisers rapides qu’il lui offrit, jusqu’au moment où le plus âgé des deux vampires mit de lui-même un terme à leur contact en choisissant de façon astucieuse les mots qu’il prononça. « La craignez-vous ? » Souffla-t-il dans un murmure, leurs deux visages pratiquement collés l’un à l’autre. Il leva sa main et vint la poser à plat sur sa joue qu’il caressa du pouce avec douceur.

Mais avant même d’obtenir une quelconque réponse de sa part, l’écho caractéristique de talons martelant le sol les informa qu’une femme était en train de parcourir le long corridor situé de l’autre côté du mur. L’information ne mit pas bien longtemps à frapper de plein fouet le propriétaire des lieux qui se remit précipitamment debout, de manière sans doute un peu trop maladroite pour être naturelle. Il adressa un regard légèrement paniqué à Samson qui s’était à son tour remit debout, plus élégamment dirons-nous. La porte de la chambre s’ouvrit à la volée sur une jeune femme brune, de taille moyenne, et extrêmement mince. Vêtue d’une longue robe blanche bouffante, elle pénétra d’un pas lent à l’intérieur de la pièce. Ses yeux sombres observèrent les deux protagonistes à tour de rôle avant de finalement détailler Bleidd avec insistance. Elle secoua nonchalamment la tête de droite à gauche d’un air las avant de s’exclamer : « Vous n’avez donc pas quitté cette pièce. » Elle lâcha un soupir avant de se diriger vers sa création. Par ailleurs, elle se garda bien de faire une quelconque remarque piquante sur la porte qu’elle avait trouvée fermée à son arrivée alors que l’idée la démangeait grandement. « Regarde-toi, Bleidd. » Dit-elle avec un rictus incrusté sur les lèvres alors que son visage autoritaire exposait une toute autre expression. Attrapant un tissu faisant office de mouchoir, elle lui essuya négligemment le coin de la bouche où du sang séché était encore visible. Ses gestes, qui manquaient cruellement de douceur, démontraient clairement l’énervement dont elle était sujette. Après avoir jeté plus loin le bout de textile, elle s’attaqua à sa chemise qui dépassait du pantalon d’une manière peu élégante, et la remit correctement en place. Tout comme ses cheveux dans lesquels elle remit de l’ordre en deux gestes précis. Si Bleidd ne s’était pas trouvé en présence d’un homme mais plutôt d’une femme, Shona se serait immédiatement posé des questions. Bien entendu, elle trouvait l’attitude de ces deux là extrêmement curieuse mais elle mettait cela sur le compte du caractère impulsif du nouveau-né qui généralement ne faisait rien comme tout le monde.

« Tout le monde s’est réuni dans le grand salon. » Fit-elle remarquer en glissant sa main dans celle de l’Ecossais qui ne pipait mot. « J’espère vous y retrouver, sitôt une tenue plus appropriée enfilée. » Elle porta son attention sur Samson, braquant ses yeux marron dans sa direction. Elle resserra instinctivement l’emprise de ses doigts sur la main de Bleidd alors qu’un sourire hypocrite creusait son visage déjà mince.

Bleidd Perkins
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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 7 Aoû 2011 - 23:11

L’immortalité avait ceci qu’elle allait de paire avec une existence longue et interminable. Les journées de Samson avaient beau être remplies, entre les rencontres avec ses congénères, les chasses et la fuite de son passé, il arrivait toujours un moment durant lequel il regrettait de ne plus subir la fatigue ; il aurait donné beaucoup pour s’interrompre dans sa course folle, pour se poser, fermer les yeux et retrouver la compagnie des bras de Morphée. Hélas, le sommeil était un attribut qui était ôté aux vampires en même temps que leur souffle. Une énième différence qui les séparait des êtres humains lambdas. Un énième fardeau à supporter. Quatre-vingt années vampiriques apparaissaient comme une bagatelle pour la plupart de ses semblables, pourtant, il n’en avait pas fallu davantage à Wallander pour ressentir l’ennui et la lassitude que lui apportaient des journées sans fins. Son quotidien avait cependant pris une toute autre tournure dès l’instant où il avait posé ses iris couleur d’émeraude sur la silhouette de Bleidd. Chaque seconde passée à ses côtés était un plaisir à savourer, qu’il partage l’une de ses conversations ou même qu’il ne soit que contraint de le dévisager de loin. Au cours de ces dernières décennies, il avait vécu des instants de satisfaction mémorable, que ce soit d’un point de vue charnel ou lors d’une chasse particulièrement intense, mais jamais l’une de ses anecdotes n’était parvenue à rivaliser avec le sentiment qui l’étreignait à ce moment précis. Pour la première fois depuis sa métamorphose, il souhaitait tout simplement figer le temps, arrêter la course des aiguilles de l’immense horloge située à côté de la porte, stopper l’égrainement des minutes. Il voulait vivre à tout jamais dans cette étreinte interdite mais partagée avec passion. Mais il savait que cela était tout bonnement impossible, il venait de le dire lui-même, se déchirant la plupart de ses organes « vitaux » par la même occasion à la suite de cette réalisation. L’époque dans laquelle ils évoluaient jouait contre eux, tout comme les mœurs et la condition de jeune vampire de l’Ecossais. Ils ne devaient pas se laisser aller de la sorte à leurs plus bas instincts, ils ne le pouvaient pas. Tout du moins, pas en l’état actuel des choses ; quelques ajustements allaient être nécessaires pour qu’ils puissent vivre au grand jour cette histoire qui réclamait à corps et à cris son droit d’existence.

La petite voix qui lui avait intimé de se séparer du jeune vampire devait posséder des dons de voyance puisqu’à peine une minute après sa dernière phrase, des pas se firent entendre dans le couloir. La Baronne devait être comme ces vieilles malédictions qui se transmettaient de génération en génération : elle se matérialisait dès que quelqu’un prononçait son nom, apportant avec elle les malheurs qui escortaient tous les démons de son espèce. Samson se redressa sans aucune précipitation, comme si une partie de lui attendait qu’elle le surprenne sur ce lit et qu’elle se pose de véritables questions à ce sujet, qu’elle se rende compte qu’il n’était pas simplement son rival d’un point de vue de leurs popularités respectives mais bel et bien également pour la conquête du cœur du séduisant Ecossais. Néanmoins, il était conscient qu’une telle révélation, à un stade si précoce de leur relation, n’aurait que porté préjudice à ce dernier. Il n’avait pas envie que Bleidd se retrouve en porte-à-faux à cause d’une fierté déplacée. Il s’écarta donc du lit dans une grande enjambée, ses poings serrés par la culpabilité d’avoir attirer le mauvais œil sur leur entrevue. Ce fut à cette seconde, alors que la maîtresse des lieux poussait la porte de la chambre, que Samson songea à la question laissée en suspens par l’Ecossais. Non, il n’avait pas peur de Shona McCracken, au contraire, il en savait bien assez à son propos pour connaître ses failles et points faibles. S’il devait craindre un seul de ses attributs, toutefois, c’était bien l’emprise qu’elle avait sur ses créations. Elle les éduquait avec une douceur et une poigne dont il était lui-même incapable mais qui avait la particularité de les rendre dociles et accros en un temps record. Il allait falloir énormément d’efforts de la part des deux mâles pour extraire Perkins de son joug. Et Samson ignorait s’il était prêt à lui claquer la porte au visage ; il se demandait même s’il serait disposé à le faire un jour. A le voir se laisser traiter comme un enfant par une mère trop autoritaire, tous les doutes étaient permis, et le visage du Hollandais perdit toute trace de sourire.

Il pensait que son intrusion intempestive était déjà un mal suffisant, cependant la Baronne en remit une couche en osant s’adresser directement à lui pour critiquer sa tenue vestimentaire. Certes, la pluie avait fait quelques dégâts sur sa chemise, la boue s’était incrustée dans le bas de son pantalon, mais elle n’était aucunement en position de lui en faire la remarque. Il était son invité, pas un énième sous-fifre qui répondait à la moindre de ses requêtes comme un gentil chien obéissant. L’envie d’attraper sa gorge à pleines mains et de lui arracher la tête à coups de dents fut pressante, même s’il parvint à la repousser aisément. Parce que cela ne se faisait pas, mais également parce qu’il était conscient que Shona n’était pas un être aussi terrible que son apparence le laissait deviner. En outre, elle était à l’origine de la délicieuse créature qu’était Bleidd Perkins ; pour cette simple raison il lui devait une certaine reconnaissance. « Veuillez m’excuser, » articula-t-il de sa voix la plus travaillée, sans pour autant parvenir à dissimuler son irritabilité. Il baissa la tête en un semblant de révérence puis la releva pour croiser le regard azur de l’Ecossais, à la recherche d’un appui, d’un signe lui indiquant qu’ils pourraient se retrouver en dépit de la foule qui les attendait à l’étage du dessous. En vain. Il tourna vivement les talons, franchissant la porte et les quelques mètres de couloir qui le séparaient de sa chambre avant de s’y enfermer. Il demeura debout dans l’embrasure pendant de longues minutes avant de se décider à bouger. Son premier geste fut d’ôter furieusement le vêtement qui lui collait toujours à la peau et de l’envoyer valser à travers la pièce ; l’innocente chemise acheva sa course sur un bougeoir qui ne résista pas au choc et s’écroula au sol avec fracas. Il réserva le même sort à son pantalon qui fit tomber le vase sagement placé sur la table de chevet. Tant pis pour la discrétion, cela faisait un bien fou. Plusieurs autres artefacts rejoignirent leurs congénères sur la moquette, succombant à l’énervement du vampire qui cherchait un exutoire à sa frustration grandissante. Lorsque cette dernière fut redescendue à un niveau acceptable, il se mit sur le dos des vêtements propres – pantalon sombre, chemise à jabots grise et gilet assorti – puis se décida à rejoindre les convives de la baronne. Il aurait donné n’importe quoi pour rester entre ces quatre murs mais l’appel du visage de Bleidd Perkins était plus fort que tout.

Les éclats de voix en provenance du grand salon tirèrent un soupir de la part du vampire exilé et il pénétra à l’intérieur en traînant des pieds. Il sentit aussitôt des dizaines d’yeux se tournaient d’un commun accord dans sa direction. « Samson ! » l’appela la voix familière de la Baronne, ce qui lui permit également de remarquer l’Ecossais qui se tenait toujours à côté d’elle. Wallander s’avança vers eux, une expression neutre étalée sur ses traits. Il jeta un coup d’œil insistant à l’objet de ses tourments avant de se tourner vers la propriétaire du manoir, plus rayonnante qu’au cours de leur précédent entretien. « Laissez-moi vous présenter Philippa, dernière née du Duc de Choiseul. Elle vient d’arriver dans notre cher pays et je suis certaine que vous vous entendrez à merveille tous les deux ! » Samson hocha la tête avec un intérêt feint. Il attrapa la main de la charmante vampire et l’amena à quelques millimètres de sa bouche en un baisemain des plus conventionnels. « Enchanté, Philippa. » Son expression ne changea pas, il se contenta d’un sourire poli qui disparut aussitôt sa main lâchée. La baronne continuait de dispenser des informations qui ne l’intéressaient pas au sujet de sa nouvelle « amie » et il ne l’écoutait que d’une oreille distraite. Son attention restait focalisée sur l’homme dans son dos dont il pouvait sentir la présence envoutante sans même le regarder en face. Se trouver aussi proche mais pourtant si loin de lui le prenait aux tripes. L’étreinte passionnée qu’ils avaient partagée à peine une heure plus tôt consumait encore sa peau, l’enveloppant d’une douleur dont la cure résidait dans les doigts de son bourreau. « Qu’est-ce qui vous amène si loin de France ? » fit-il semblant de s’intéresser pour ôter de sa tête la vision de leurs deux corps enlacés. Il avait besoin d’une distraction, n’importe quoi pour l’empêcher de penser à Bleidd. La petite et fraîchement transformée ne suffirait hélas pas, elle ne faisait pas le poids face à l’emprise qu’avait désormais l’Ecossais sur lui. Pour preuve, il ne parvenait pas à retenir les regards en coin qu'il lui lançait discrètement alors qu'il était supposé porter toute son attention sur son interlocutrice.

Samson Wallander
Samson Wallander


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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyDim 21 Aoû 2011 - 11:21

Le plaisir dû à la présence de Samson qu’il ressentait jusqu’à présent s’évapora rapidement sitôt le retour de sa maîtresse officialisé. Il ignorait la provenance de ce pouvoir qu’elle exerçait sur lui mais une chose était sûre, il était bien là. Dès qu’elle se plaçait à ses côtés, sa témérité disparaissait aussitôt. C’était idiot et incompréhensible car elle ne faisait pas grand-chose si ce n’était se tenir là. Aucune agression, pas même une réprimande. Et pourtant, l’autorité de son regard suffisait à le remettre sur le droit chemin. Son désir d’évasion n’était plus. En l’espace d’une fraction de seconde, Bleidd s’était immédiatement renfermé dans une parfaite attitude de soumission qui ne manqua pas de satisfaire la Baronne. Elle ne laissait pour ainsi dire rien au hasard. Même ses gestes les plus stupides dissimulaient les plans d’une fine stratège. Elle ne s’exprimait peut-être pas distinctement à voix haute mais ses intentions n’en demeuraient pas moins claires. Le jeu faisait partie de son quotidien. Elle aimait aussi bien s’amuser avec la nourriture humaine que ses amis les plus proches. Du moins cela durait un temps. Dès qu’une certaine forme, même infime, de lassitude la parcourait elle le faisait aussitôt ressentir à ses interlocuteurs. Voir ses semblables comme les autres se plier à ses moindres volontés ne constituait qu’un divertissement à ses yeux. Une manière plus « sympathique » d’entrevoir les relations maîtresse/sujets. Car à partir du moment où vous pénétriez sur ses terres, vous vous retrouviez aussitôt sous ses ordres. Tout le monde savait cela. Mais Shona mettait généralement tout en œuvre pour ne pas trop le souligner. Bien entendu, elle ne les considérait pas tous comme des égaux – d’ailleurs personne ne concourait à ce titre – toutefois elle essayait de se montrer plus ou moins accessible. Ce qu’elle était tant que rien ni personne ne venait obstruer ses projets.

Entremêlant ses doigts à ceux qui retenaient sa main prisonnière, Bleidd suivit attentivement du regard l’individu qui quittait à présent sa chambre sans toutefois afficher une expression particulière face à ce départ qui le tiraillait pourtant de l’intérieur. Lorsque Wallander regagna la pièce qui lui avait été réservée, les deux autres vampires s’éclipsèrent à leur tour. Mais avant cela, la Baronne ne put s’empêcher d’inspecter sa création sous toutes les coutures afin de vérifier si sa tenue était correcte. Hors de question pour lui de rejoindre les autres sans avoir atteint la perfection auparavant. « Tu sembles apprécier la compagnie de Monsieur Wallander. » Lança la brunette qui dirigea vers lui un regard perçant tandis qu’ils s’engageaient dans les escaliers. « Tu m’as expressément demandé de me montrer courtois avec l’ensemble de tes amis, les plus anciens comme les plus récents. » Se défendit-il aussitôt, s’exprimant bien trop rapidement pour quelqu’un de détaché. « Ce n’était nullement un reproche. » Reprit-elle avant de lui déposer un délicat baiser sur sa joue froide. Alors qu’ils pénétraient tous deux dans l’imposant salon, la Baronne leva subitement les bras vers le plafond en s’exclamant : « Abraham ! » Elle s’éloigna de sa progéniture comme l’on se séparerait d’un vieux linge sale inutile et accourut aux côtés d’un vampire qui devait approximativement avoir le même âge qu’elle. Délaissé, comme bien souvent dans ce genre de situations, la créature fit lentement le tour de la pièce, saluant de-ci de-là des visages familiers. Mais sa course s’acheva inévitablement près de McCracken, présentement en pleine discussion avec un Duc venu exprès de France pour la voir.

Inexpressif, inerte, comme éteint, l’Ecossais ne prenait aucunement part aux conversations qui l’entouraient. Ses yeux retrouvèrent un peu de leur éclat naturel lorsque le prénom de Samson fut prononcé, signe qu’il s’était enfin décidé à se joindre à eux. Jusque là tous ses espoirs de le revoir durant la soirée s’étaient envolés au fil des minutes qui s’étaient écoulées, au profit d’une mine terne, presque malade. Qui d’ailleurs ne faisait pas vraiment honneur à la maîtresse des lieux qui avait préféré l’ignorer volontairement au lieu de le mettre en avant comme à chacune de ses soirées. Baissant la tête vers le sol, il écouta consciencieusement les présentations qui se déroulaient juste derrière lui tout en serrant fermement son poing droit. Il n’avait absolument rien à reprocher à cette chère Philippa mais la tournure que prenaient les événements promettait de jouer en sa défaveur. Nul doute là-dessus. « Pourquoi n’irais-tu pas prendre un peu l’air, hum ? » Rétorqua la Baronne tout en glissant sa main gelée le long de sa douce joue. « Tu as une mine effroyable. » La manière dont elle s’adressait à lui laissait entendre qu’elle se souciait de son bien être alors que ses paroles ne reflétaient en fait qu’un désir silencieux de le voir disparaître de son champ de vision. Tout le monde savait pertinemment que la température importait peu à leur espèce mais une nouvelle fois, Shona formulait ses ordres d’une manière déguisée. « Bonne idée. » Ronchonna-t-il distraitement avant de se saisir de sa main et d’y déposer un baisemain comme le voulait la société. Il s’avança d’un pas dans sa direction, approcha son visage du sien mais fut interrompu dans sa tentative d’embrassade par une main venue se déposer sur ses lèvres pour l’empêcher d’agir. Excédé, le vampire se faufila aussitôt entre la foule condensée d’êtres immortels, bousculant inconsciemment Samson d’un coup d’épaule féroce sur son passage. Sans rompre sa marche, il tourna la tête afin de croiser le regard du responsable de ses tourments mais fut bien incapable d’émettre la moindre excuse. Au contraire, son regard nettement assombri exprima seulement un sentiment d’irritation probablement poussé à son sommet. Tous semblaient ce soir s’être mis d’accord pour lui tourner sciemment le dos dans une attitude qu’il jugeait – à tort – provocatrice.

Il s’engouffra dans un immense couloir qui le conduisit dans une salle adjacente vide. Autrement dit, l’endroit idéal à cet instant précis. Dans un grognement inhumain, il entreprit de faire les cent pas à travers la bibliothèque. De nombreuses minutes s’égrenèrent sans qu’il n’en ait véritablement conscience. Le bruit de pas se dirigeant droit sur lui le ramena à la dure réalité. Inapte à partager la compagnie de quiconque, le vampire s’échappa dehors à une vitesse impressionnante par l’une des grandes portes-fenêtres de la pièce. Il s’appuya contre le mur froid de la demeure en attendant que l’intrus passe son chemin et laissa son regard scruter le fond du jardin plongé dans le noir, sa vision nocturne lui offrant une visibilité plus élevée que le commun des mortels. Lorsque l’homme en question fit son apparition sur la terrasse, Bleidd eut un vif mouvement de recul. La seule source de lumière des environs était formée par les flammes des nombreuses bougies dispersées un peu partout dans la pièce voisine qu’il venait de quitter. Ce fut sans aucune difficulté qu’il reconnut la silhouette élancée de Samson qui, de toute évidence, avait réussi à échapper à toutes ces festivités mondaines. « Vous avez abandonné votre compagnie féminine de la soirée ? » S’enquit-il d’une voix volontairement accusatrice. Si Bleidd était doté d’une belle quantité de qualités, il trainait aussi derrière lui un lot important de défauts. Comme cette jalousie qui le faisait actuellement parler et l’obligeait à se montrer ouvertement capricieux. « Vous devriez retourner à l’intérieur. » Lui conseilla-t-il avec désinvolture tout en croisant ses bras contre son torse. Il détourna le regard dans la direction opposée et prétexta un subit intérêt pour les bois voisins dans lesquels, pourtant, il ne se passait absolument rien.

Bleidd Perkins
Bleidd Perkins


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MessageSujet: Re: I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] I'd risk my life to feel your body next to mine. [R.] EmptyJeu 25 Aoû 2011 - 20:29

Alors qu’il avait passé les trente premières années de son existence dans un mutisme quasi perpétuel, Samson s’était retrouvé du jour au lendemain obligé de prendre part à des conversations dont la portée n’avait d’égal que la futilité de ses interlocuteurs. De ce qu’il pouvait déduire des quelques répliques échangées avec la jeune femme qui lui faisait face, Philippa ne devait pas provenir du même arrière-plan social que lui. En dépit de sa retenue et de la timidité dont elle faisait preuve – ce qui n’avait rien d’étonnant si elle n’était qu’une nouvelle venue dans le monde vampirique – elle semblait parfaitement à l’aise avec son sujet de conversation. Elle distillait les informations sur le pays qui l’avait vu naître avec une aisance que Wallander lui envia, elle décrivait son existence de mortelle sans aucun regret mais non sans une certaine nostalgie. C’était comme si elle regrettait un souvenir lointain et, malgré sa silhouette chétive, Samson se mit à douter de son âge. Elle parlait avec une expérience que lui-même n’avait pas, il était impossible qu’elle fût aussi. Ou bien était-ce lui qui manquait cruellement de pratique ? Après tout, cela n’aurait rien eu d’étonnant. Il n’avait pas exactement reçu une éducation exemplaire de la part de son créateur, nombreuses étaient les lacunes que seul un long périple en solitaire finirait par combler. Les descriptions précises de la demoiselle capturèrent l’attention du vampire et, l’espace de quelques minutes, il parvint à imaginer les paysages ainsi décrits, ce qui lui donna des envies de voyage et, par la même occasion, lui fit oublier pour un laps de temps réduit le visage de Bleidd Perkins. Etrangement, cette sensation fut beaucoup plus appréciable qu’il ne l’aurait imaginé. En effet, pour la première fois depuis son arrivée au manoir, il était en paix avec lui-même, aucun sentiment contradictoire ne venait étreindre son cœur mort et il ne se sentait pas oppressé par la culpabilité. C’était un répit agréable, il devait l’admettre, et il songea, durant une pause de la part de son interlocutrice, à quitter définitivement la propriété de la Baronne afin de retrouver cette tranquillité d’esprit perdue depuis trop longtemps. Mais non. Il ne pouvait pas. Il n’en avait pas envie. Il préférait souffrir mille tourments plutôt que se retrouver loin de cet homme qu’il ne connaissait, au final, pas du tout. Cette situation était de plus en plus bizarre et il n’arrivait plus à cerner le bon du mauvais dans cette relation qui n’en était officiellement pas une.

Comme pour le punir d’avoir songé ne serait-ce qu’une seconde à abandonner Perkins, Samson reçut un choc aussi vif qu’inattendu à l’épaule. La violence physique n’était pas habituelle dans ce genre de réunion, le Hollandais eut donc besoin de plusieurs secondes pour réaliser ce qui venait de se dérouler ; il se retourna juste assez rapidement pour croiser le regard noir de Bleidd qui quittait la pièce d’une démarche rapide. L’incompréhension put se lire sur le visage de Wallander qui ne comprenait pas ce qu’il avait pu dire ou faire pour recevoir un tel traitement, leur dernière entrevue s’était pourtant bien passée, il n’était pas celui à blâmer pour les événements qui avaient suivi. Il ferma les yeux un court instant pour ôter de son esprit la vision de ceux de Bleidd, il était tellement habitué à les voir briller d’un éclat azur digne de l’océan le plus clair qu’il était perturbé par ce changement de ton. Dire que cela ne lui plaisait pas du tout relevait de l’euphémisme. « Quel manque d’éducation, » glissa-t-il à sa compagne de façon suffisamment forte pour se faire entendre de la Baronne. La petite française laissa échapper un rire cristallin, qui contrastait avec la gravité qu’il avait pu lire sur son visage une seconde plus tôt, comme si elle avait eu peur de sa réaction face à un tel affront. Comme quoi il pouvait encore imposer le respect, le reste des invités avait tendance à lui faire oublier cela. Il jeta un coup d’œil en direction de Shona, dont l’attitude s’était métamorphosée depuis le départ de Bleidd ; elle faisait mine de ne pas avoir remarqué sa petite scène mais son visage exprimait un sentiment proche de la honte. Cela fit davantage plaisir à Samson qu’il n’aurait voulu se l’avouer. Il ne pouvait retenir plus longtemps cette espèce de jalousie qu’il éprouvait à son encontre, il s’estimait en compétition avec elle. Ce qui n’avait aucun sens. Contrairement à elle, il ne possédait aucun droit sur l’Ecossais, c’était indécent de penser qu’il pourrait lui faire concurrence de quelque façon que ce fut.

Pourtant, il tenta sa chance. Il attendit que Philippa finisse de lui raconter une énième anecdote – pour laquelle il n’eut plus aucun intérêt – avant de s’excuser auprès d’elle et de prétexter une connaissance à aller saluer plus loin. Elle n’avait pas besoin d’une justification plus précise, il ne lui devait rien. Il prit garde d’éviter le regard perçant de la maîtresse des lieux avant de disparaître par la porte qu’avait empruntée Bleidd quelques minutes auparavant. Il se laissa guider par son instinct autant que par son odorat jusqu’à une imposante double porte en chêne. Il s’attarda plusieurs secondes, la main sur la poignée, hésitant. Il n’était pas certain de tomber sur celui qu’il cherchait et, pire encore, sa présence ne serait peut-être pas désirée. Il n’y avait qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net ; il ouvrit la porte à la volée pour trouver une bibliothèque vide. Il lâcha un soupir de déception avant de discerner une ombre sur la terrasse. Cette fois, ce fut un sourire qu’il dut dissimuler en s’avançant vers l’Ecossais qui l’accueillit avec une voix glaciale. Il découvrait ici une nouvelle facette du jeune Perkins, qu’il ne lui aurait jusque là pas soupçonnée. « Tout comme vous avez abandonné la vôtre, » répondit-il sur un ton neutre, les mains croisées dans son dos, posté dans l’embrasure de la porte-fenêtre pour maintenir entre eux une distance respectable. Il ne souhaitait pas le brusquer, il savait par expérience que les jeunes vampires étaient imprévisibles et dotés d’une humeur extrêmement changeante. L’expérience agréable qu’ils avaient partagé plus tôt pouvait bien être de l’histoire ancienne et se transformait en véritable fiasco s’il faisait un geste de travers. Mieux valait ne pas tenter le diable. Ce dernier avait déjà fait suffisamment de mal en engendrant la malédiction qui pesait sur les deux protagonistes.

Son regard émeraude vrillé sur l’Ecossais, Samson déglutit inutilement en encaissant sa dernière remarque. Il n’avait pas quitté le brouhaha des autres invités pour y retourner aussitôt. Surtout, il n’avait pas fait tout ce chemin ni risquer de se faire surprendre pour rien. Il venait pour des réponses quant à sa récente attitude, et il comptait bien repartir avec. « Si vous me le demandiez, j’y retournerais sur le champ. Mais sachez-bien que je n’en ressentirais aucun plaisir, je suis là où j’ai envie d’être. » Il n’attendit pas de réponse de la part de Bleidd, il s’avança de deux enjambées et s’arrêta dans son dos. L’écart entre leurs deux corps n’avait désormais plus rien de conventionnel mais il n’en avait cure. Comme il venait de le dire, il était précisément là où il avait envie de se trouver, où il avait besoin de se trouver. A nouveau, il pouvait entendre le rythme fantasmé de son cœur qui battait la chamade. C’était enivrant et il sut, à partir de ce moment-là, qu’aucun autre sentiment ne surpasserait ce qui l’envahissait à cette seconde précise. Ni la gêne de l’enlever à quelqu’un d’autre, ni la honte de se laisser porter par des sentiments amoureux – oui, amoureux –, ni le déshonneur de désirer le corps d’un autre homme. Wallander leva une main qu’il fit traîner à quelques millimètres de son compagnon, résistant corps et âme à l’envie de le toucher, puis la fit retomber mollement. Ce n’était plus à lui de faire un pas dans sa direction, il en avait fait suffisamment pour dévoiler au grand jour ses intentions. « N’est-il pas trop tôt pour succomber aux affres de la jalousie ? » demanda-t-il dans un murmure, ses lèvres à moins d’un centimètre de son oreille.

Samson Wallander
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