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You know that silence is loud when all you hear is your heart.

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MessageSujet: You know that silence is loud when all you hear is your heart. You know that silence is loud when all you hear is your heart. EmptySam 14 Fév 2015 - 16:08

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Mesoke Glade. Cela faisait plus de 30 ans qu’elle n’y avait plus remis les pieds. La végétation avait changé mais elle restait toujours aussi paisible et apaisante. Comment pouvait-on imaginer, ne serait-ce qu’un instant qu’elle avait abrité des célébrations macabres. Sous cette herbe, du sang noir avait fertilisé les terres. Sous ses arbres, des traces de coups violents avaient été englouties par les écorces. Sous ce ciel azur glacial, des trahisons s’étaient déroulées. Assise sur un rocher, elle observait le ciel étoilé alors que le froid glacial l’entourait. Elle souffla vers ce dernier et s’étonna encore et toujours de la brume de fumée qui s’échappait de ses lèvres. La retransformation s’était bien amorcée. Après les évènements de 8 mois auparavant, les choses s’étaient accélérées. Le gouvernement avait révélé l’existence d’une solution permettant de rendre aux vampires leur humanité. Après des années de tests effectués en cachette, après des essais infructueux aux conséquences désastreuses, la solution s’était enfin présentée. Livia pouvait retrouver sa vie d’humaine. Bien sûr, le sérum n’était pas encore tout à fait sûr et les réactions variaient d’un individu à l’autre. Certains étaient effectivement redevenus humains et menaient une vie enfin apaisée, si ce n’est les cauchemars de leur vie antérieure qui les hantaient. Beaucoup réceptionnaient le sérum dans les premières heures de leur transformation, permettant d’inverser le processus et leur éviter une douloureuse expérience. Mais les échecs étaient encore nombreux. Une infime minorité semblait immunisée. Certains demeuraient vampires, peu important le nombre de solution qu’il s’injectait dans leur sang amorphe. Certains ne se changeaient en humain que pour quelques jours, voire quelques heures et ne se réveillaient jamais. Certains enfin mourraient immédiatement dans de profondes souffrances. On ignorait encore les effets secondaires. Pouvait-on redevenir vampire lorsqu’on était transformé une seconde fois ? Ou mourrait-on à jamais ? La solution empêchait-elle cette énième transformation ? Des questions restaient encore sans réponse. Mais au fil des mois, elles se révèleraient sans doute.

Les choses avaient également évoluées pour Livia d’un point de vue personnelle. Elle n’avait plus revu Norman. Elle ne faisait plus d’apparition publique. Elle avait trouvé refuge dans les grottes qu’elle avait si souvent parcouru durant son premier séjour dans la région. Et elle avait demandé le divorce avec Jimmy. Elle se souvenait encore de leur discussion, ou plutôt de leur dispute. La toute première qu’ils aient jamais eue. Et la dernière également. Elle espérait qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre pour réchauffer ses nuits. Elle espérait qu’il était heureux aujourd’hui. De son côté, elle avait changé. Elle s’était rapprochée de Klaus mais l’avait soigneusement maintenu à distance. Il ne savait pas où elle vivait. Il ne savait pas de quoi elle se nourrissait. Il ne la voyait que lorsque l’appel de la chair était la plus forte. Lorsqu’elle était dans un état si vulnérable qu’elle avait besoin de réconfort, de se sentir maintenu dans son monde en crise. Et lorsqu’elle avait entendu parler de cette solution, elle s’était retranchée sur elle-même. C’était ce qu’elle avait toujours souhaité depuis ce terrible 8 juillet 1916. Elle pouvait enfin redevenir humaine. C’était enfin à portée de sa main. Mais la décision n’était pas aussi facile que ce qu’elle aurait cru. Si elle ne supportait pas le traitement et qu’elle mourrait ? Si le sérum ne fonctionnait pas et qu’elle demeurait immunisée ? Mais la pire des solutions était l’hypothèse où il fonctionnerait à merveille. Elle avait été plus longtemps vampire qu’humaine. Parviendrait-elle à s’habituer à cette nouvelle existence ? Pouvait-elle dire adieu à ce monstre tapis qui avait fini par devenir un allié, une part d’elle-même dont elle ne se sentait pas le courage de sacrifier ? Et surtout pouvait-elle admettre qu’il était fortement probable qu’elle ne puisse plus jamais revoir Norman ?

La vampire poussa un profond soupir. C’était une décision difficile. Pour autant, elle s’était déjà inoculé le sérum à deux reprises sur les trois obligatoires. Entre ses doigts fins tournait la dernière seringue. Les deux premières espacées d’un mois chacune avait bien fonctionnés et elle respirait à nouveau. Elle pouvait manger de la nourriture humaine sans attraper la nausée. Son cœur recommençait à battre de manière régulière et sa température se réchauffait. Elle sentait le froid à nouveau. Mais après cette dernière injection, il n’y aurait plus de machine arrière. Pouvait-elle être capable d’aller jusqu’au bout comme lorsqu’elle l’avait toujours clamé ? Ou était-elle aussi lâche et faible que ce qu’on lui avait affirmé ? Elle posa son regard sur le contenu beige de la seringue entre ses doigts. Ce soir pouvait être son dernier soir en tant que vampire. Il pouvait également être son dernier soir tout simplement. C’était à elle de faire son choix. Un craquement à l’orée opposé de la clairière chatouilla ses oreilles et elle se redressa, scannant les environs alors qu’une silhouette apparaissait finalement. Son cœur choisit ce moment pour battre de manière frénétique alors que l’ensemble de son corps fondait et se tordait de douleur. C’était une évidence finalement. Ici et maintenant. Elle redressa le menton et attendit.

Livia Hagebak-Dorsey
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MessageSujet: Re: You know that silence is loud when all you hear is your heart. You know that silence is loud when all you hear is your heart. EmptyLun 6 Avr 2015 - 21:53

You know that silence is loud when all you hear is your heart. 889874Capturedcran20150407001214


Elle était jolie. Trop même. Oh, pas pour lui bien sûr. Mais pour être venue l’aborder la première. Des siècles d’existence avaient appris bien des choses à Norman, surtout au sujet des femmes. Voilà une demi-heure que cette adorable brunette lui faisait la conversation et s’il lui répondait poliment, il restait sur ses gardes. Déjà, il était clair qu’elle n’avait pas l’habitude de badiner mais surtout, quelque chose chez elle le mettait profondément mal à l’aise. Physiquement, il n’y avait rien à redire et s’il avait été d’humeur, sans doute aurait-il pris le relai pour écourter la conversation et l’emmener ailleurs. Mais cela faisait des mois qu’il n’avait pas la tête à ça. Quant elle en vint à parler de la pluie et du beau temps, il décida qu’il était temps de la bousculer un peu. Attrapant son poignet avec violence, mais suffisamment discrètement pour ne pas ameuter tout le bar, il planta son regard dans le sien. C’était ces yeux-là qui pourtant lui faisaient perdre tous ses moyens.

«  Ça suffit maintenant. Qu’est-ce que vous me voulez ? »

La jeune femme sembla tout à coup plus effrayée qu’elle n’aurait dû l’être, même avec un poignet enserré dans la main d’un homme. Mais dans un élan de hardiesse, elle prononça tout de même ces quelques mots.

« Je sais qui vous êtes. »

À peine la phrase fut-elle terminée que Norman était déjà debout, rabattant sa capuche sur ses cheveux roux et prenant la direction de la porte à toute vitesse – humaine.



L’incident de l’hôpital avait eu des répercussions plus que désastreuses sur Babylon, le monde vampirique, et les deux protagonistes principaux. Norman savait qu’il n’en ressortirait pas indemne, peut-être même pas en vie d’ailleurs. Mais il n’avait pas prévu tout le rabattage médiatique qui allait s’ensuivre. Massacrer un innocent en public n’était pas sans conséquences, surtout quand on en tuait une dizaine de plus en voulant s’enfuir. Déjà, devant son loft, des patrouilles anti-vampiriques l’attendaient. Ennemi public numéro un, il comprit très vite qu’il lui fallait fuir. Loin de Babylon, loin de Livia et de tout ce qui pouvait encore le blesser. Ne contactant personne, sans aucun adieu, il partit donc à l’endroit où on penserait le moins à le chercher. Si les criminologues faisaient bien leur boulot, ils établiraient un profil psychologique plus ou moins exact et repéreraient vite son aptitude nomade. Deux siècles à sillonner le globe, et un seul endroit dans lequel il n’était plus jamais retourné. Peut-être était-il temps d’y faire un tour, affronter quelques démons. Au point où il en était.



Alors qu’il pensait avoir pris suffisamment de distance, il entendit des pas précipités se rapprocher. Talons d’une dizaine de centimètres, vu la lenteur. Il pressa le pas, mais elle ne semblait pas avoir envie d’abandonner. Il se retourna alors et la jeune femme le percuta de plein fouet. Le choc ne le fit même pas sourciller, alors qu’elle perdit l’équilibre depuis ses talons hauts perchés. Il la rattrapa de justesse avant que sa tête ne heurte le bitume. Il n’avait pas envie de devoir contrôler sa faim dévorante maintenant.

« Si vous savez vraiment qui je suis, vous ne devriez pas avoir envie de me suivre. »
« Quelque chose me dit que vous n’allez pas me bouffer la carotide. »

Visiblement, son numéro de pseudo séductrice était définitivement une façade. À l’extérieur de ce fourbi miteux, elle avait une assurance et un culot qu’il n’avait pas décelé chez elle jusqu’à présent. Il aurait dû savoir qu’elle n’était pas une pouffe sans cerveau à sa façon de ne pas maîtriser les escarpins.

« Vous avez 3 secondes pour me dire qui vous êtes ou je vous bouffe l’artère fémorale. Ca fait moins Hollywood, mais c’est beaucoup plus efficace, croyez-moi. »

Soit ses menaces n’étaient plus aussi effrayantes qu’avant, soit il avait affaire à un specimen particulièrement imprudent. Toujours est-il qu’elle retira délicatement ses chaussures, avança de 3 pas et se mit sur la pointe des pieds jusqu’à lui faire pleinement face.

« Norma Fitzpatrick. Et je pense qu’on a quelques mots à se dire, papy. »



La flaque au sol lui renvoya sa nouvelle image. Ses cheveux emmêlés, désormais teints en roux pour s’accorder à la barbe qu’il avait laissé envahir son visage. Des pupilles vertes, car c’était la seule teinte de lentilles qui cachaient vraiment le rouge carmin. Une capuche vissée sur sa tignasse, qui le faisait plus que jamais ressembler à une ombre. Et un look tellement banal qu’il le dégoûtait lui-même. La pluie de Dublin le faisait paraître bien misérable, et elle n’avait pas tort. Poursuivant son chemin entre les stèles, il ne mit pas longtemps à trouver ce qu’il cherchait. Le nom Fitzpatrick se répétait presque à l’infini sur le marbre. Sa famille avait su être prolifique en descendants semblait-il. Bonnie et Tobias avaient bien œuvré pour peupler encore un peu plus la ville qui dégueulait de chômeurs. « Pardon… » prononça-t’il en voyant les noms de ses frère et sœur sur une stèle abîmée par le temps. Il se rapprochait. Il croisa alors son propre nom sur une tombe, mais les dates ne coïncidaient pas. Sans doute son frère avait-il voulu lui rendre hommage, l’imbécile. S’il avait su… Il finit par trouver son nom, le vrai cette fois, sous celui de ses défunts parents. Il fixa la pierre sans pouvoir décrocher son regard.

Norman FITZPATRICK
1811 – 1836

Qui pouvait-il bien y avoir, enterré à côté de ses géniteurs ? La bataille ayant été une boucherie, ils avaient dû récolter des morceaux de ses camarades, et croire pleurer sur le corps de leur enfant. Pauvres fous. Il avait longtemps hésité à revenir, mais avait délibérément choisi l’option inverse. Plus facile. Pas besoin de mentir. Maintenant, il était moins sûr que jamais d’avoir pris la bonne décision. Se laissant tomber au sol, une vague de sanglots s’empara brusquement de lui tandis que les souvenirs ressurgissaient. Lui aussi les avait enterrés bien loin. Et face à sa mortalité perdue, il n’était rien. Il resta ainsi de longues heures, les larmes noirâtres lui maculant le visage. Lorsqu’il se ressaisit enfin, la pluie battante eut vite fait de les faire disparaître tandis qu’il faisait de même pour sa date de mort, qu’il effaça de ses ongles jusqu’à saigner à nouveau. Une pensée heureuse vint tout de même le réconforter tandis qu’il remontait les générations de Fitzpatrick vers la sortie. Il n’avait pas de descendance, et c’était tant mieux comme ça.



« Je t’ai d’abord vu aux infos. Et puis après, les flics sont passés poser des questions. Et je pense que ta couleur de cheveux merdique aurait pu me duper si tu n’avais pas eu la mauvaise idée de faire un tour au cimetière. Après tout, ça fait plus de six mois. »

Encore sonné, Norman observait sa descendante avec une attention toute particulière. C’était donc ça, le regard. L’étincelle des Fitzpatrick qui brillait dans ses prunelles noisette l’avait interpellé sans même qu’il ne le sache. Elle plongea de nouveau sa bouche délicate dans sa Guinness, et essuya la mousse d’un revers de la main. Ainsi donc, en 200 ans, le tempérament de feu du cadet des Fitzpatrick s’était transmis de génération en génération. Il ne savait pas vraiment si c’était une bonne nouvelle.

« Je n’ai jamais eu d’enfants. Je suis mort avant. »

Norma éclata d’un rire franc qui imposa le silence à tout le bar. Quelques secondes après, tous retournèrent à leur conversation, comme si de rien n’était. Seul l’aïeul était passablement sonné par cette réaction.

« Crois-moi, quand on hérite d’un prénom aussi étrange, on demande forcément d’où ça vient. Et là, mon père qui m’annonce que ça vient d’un arrière, arrière, arrière… blabla grand-père mort au Fort Alamo, mais qui avait eu tendance dans sa jeunesse à courir les jupons. »

Vrai. Ce n’était pas la nature vampirique de Norman qui l’avait rendu comme ça.

« Et qui, avant de prendre le bateau pour la belle Amérique, avait engrossé une voisine sans le savoir. »
« C’est son nom que tu devrais porter… »
« Paraîtrait que ton frère l’a épousé, heureux hasard. »

Une voisine dont son frère aurait été secrètement amoureux. Mais, s’agissait-il de…

« Marie ? »
« Ouais. »

Ca faisait beaucoup à avaler, quand même.

« Pour que tu hérites du nom, il a fallu que tu sois l’une des rares filles de la famille, je me trompe ? »
« Correct, old man. Je suis même l’une des rares de la famille maintenant. Le nom s’éteindra après moi, à moins que je trouve un mari pas trop con. Mais en attendant… C’est juste toi et moi. »

Elle trinqua dans le vide. La Guinness ne passait pas dans l’estomac d’un vampire, aussi irlandais soit-il.

« Et la situation ne te fait pas peur ? Je… ne te fais pas peur ? »

Il la regardait comme un animal curieux mais au fond, rien de tout ça ne le surprenait. Son sang était peut-être amplement dilué dans ses veines, mais elle était une de ses héritières, ce qui expliquait son caractère bien trempé. Sa posture, sa détermination, son rictus… Tout chez elle indiquait qu’elle ne mentait pas : elle était son portrait craché, aussi étonnant que cela puisse paraître.

« Ca fait 6 mois que je digère l’information et honnêtement, en roux, tu es beaucoup moins flippant que le portrait qu’ils diffusaient à la télé. Et en plus, j’ai très envie de connaître ton histoire avec cette Livia... »

Livia… Il n’avait plus entendu son prénom depuis l’incident. Pire, il avait même cessé d’y penser depuis qu’il avait posé le pied sur sa terre natale, comme s’il suffisait de le ranger dans un coin de son cerveau et ne plus jamais y repenser. Livia… Qu’était-elle devenue ? Où était-elle ? Toute son obsession revint en entendant son nom prononcer par une bouche irlandaise.

« Ce n’est pas parce que j’ai laissé un cadeau souvenir à la voisine avant de partir que toi et moi nous sommes une famille. Je ne l’ai pas élevé, et je me suis uniquement préoccupé de ma personne toute ma vie. Si toi et moi avons un lien, il est génétique et rien de plus. Je n’ai jamais voulu d’enfants, même en étant humain, et je n’ai strictement rien à foutre de la lignée des Fitzpatrick. J’y ai peut-être participé, et tu ne serais peut-être pas là sans moi, et alors ? Ça n’a aucune importance. Tu es seule ? Imagine ce que c’est d’être seul pendant 200 ans. Tu es prête à pardonner à un vampire sanguinaire et meurtrier, recherché par la planète entière, seulement pour avoir une famille ? Alors crois-moi, tu n’as rien d’une vraie Fitzpatrick. »

Alors qu’il prenait la direction de la porte, il se retourna une dernière fois vers les yeux remplis de larmes. Elle ignorait qu’il était en train de lui sauver la vie, et probablement son âme en faisant ça.

« Nous n’avons besoin de rien, ni de personne pour exister. »

Enfin si. Il suffisait juste de savoir la garder une fois qu’on l’avait trouvée.



Il lui en avait fallu, du temps. Revenir aux environs de Babylon était risqué, mais la tension médiatique était aujourd’hui retombée. Tout le monde ne parlait plus que de ce merveilleux remède anti-vampirique, et son nom était presque tombé dans l’oubli. Il prit le risque de redevenir Norman Fitzpatrick, les cheveux noirs de jais, les yeux rouges et vêtu avec un style qui n’appartenait qu’à lui. Il ne savait pas comment se passeraient les retrouvailles, ni même ce qu’il espérait en la revoyant. Il voulait juste la voir à nouveau, comme une drogue dont il n’aurait su se passer.

Cuisiner Klaus avait été inutile. Suivre Klaus jusqu’à ce qu’il craque et ne retourne voir sa protégée avait été plus judicieux. De loin, il la sentit, en ébullition. Bien sûr qu’il savait pourquoi ces deux-là se voyaient, mais la jalousie n’avait pas sa place ici. Il attendit, patiemment, dans l’ombre, et suivit la silhouette qu’il connaissait par cœur de très loin. Mesoke Glade. Bien sûr. Il reviendrait quand son cœur serait prêt.

Dès le lendemain, son impatience le mena tout droit vers les montagnes. Une vague de souvenirs douloureux lui revint en mémoire, mais il les balaya mentalement. Surtout, ne pas se laisser déconcentrer. Un pas après l’autre, sans même utiliser ses facultés vampiriques, il se dirigeait vers elle. Déjà la lune posait son éclat sur la scène, donnant une tonalité toute shakespearienne au décorum. Son odeur envahit alors les narines aiguisées de Norman. Elle était tout près. Tout comme hier, il eut l’impression que quelque chose était changé. Son parfum se mêlait à quelque chose d’autre, quelque chose de chimique. Ce ne fut que lorsqu’il la vit qu’il comprit.

Elle était si belle sous le clair de lune. On aurait dit que ce moment-là les avait attendu toute leur vie. Ses cheveux plus courts ondulaient sous la brise. Les pupilles carmins de Norman se focalisaient sur son visage pour ignorer la seringue qui brillait entre ses doigts. Il n’avait pas eu besoin de la contempler pour savoir. Les battements de son cœur avait trahi l’horrible vérité. Sa poitrine se soulevait à un rythme régulier, sans qu’elle n’ait besoin de se forcer. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle avait toujours aspiré à une vie normale, comment aurait-elle pu ne pas être tentée ? À cet instant, il eut envie de fuir. Mais cela n’aurait eu aucun sens. Alors il se tenait là, sans un mot, surplombant sa silhouette assise. Il savait bien qu’il avait ruiné sa vie en quelques minutes, qu’il avait commis des actes irréparables. Elle savait bien qu’elle avait piétiné son cœur trop souvent pour qu’il ne craque pas. Ces deux-là n’en étaient plus à compter les points.

Après de longues minutes, il se décida finalement à briser le silence. Mais quels mots pourraient bien désamorcer une telle situation ?

« Tu aurais fait une merveilleuse mère. »

Sans se l’expliquer, l’image de Norma lui était venue à l’esprit. Sa descendance, la vraie, alors qu’il aurait tué pour avoir un enfant de Livia. Ce manque n’était apparu qu’après sa visite à Dublin, car il n’avait jamais envisagé la chose avant. Peut-être était-ce ça qui les avait détruit ? Pas d’avenir, ni de vrais projets. Une éternité de solitude à deux.

Norman Fitzpatrick
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MessageSujet: Re: You know that silence is loud when all you hear is your heart. You know that silence is loud when all you hear is your heart. EmptyJeu 30 Juin 2016 - 20:19

Aussi clair que le soleil revient après l’orage, aussi sûrement que le matin succède à la nuit, aussi nécessaire que l’air qui pénétrait dans ses poumons depuis si longtemps morts, Norman Fitzpatrick était et demeurait une évidence. Ce n’était pas lui qui lui avait donné naissance les deux premières fois. Il n’était même pas là à la première et la seconde demeurait dans un véritable flou dont elle n’avait jamais eu le courage ou la force de relever le voile. C’était une période de sa vie qui était aussi douloureuse qu’heureuse. Elle s’en était voulu durant des années : d’être devenue un monstre semblable à celui qui avait massacré sa famille en entier, d’être l’unique survivante alors qu’elle n’avait rien d’exceptionnelle et qu’elle n’aspirait pas à grand-chose sinon d’être heureuse et fonder une famille, mais surtout de culpabiliser de cette véritable tragédie qui lui avait apporté le plus grand des bonheurs. Jusqu’alors, elle pensait savoir ce qu’était l’amour. Cet amour infantile et un peu naïf que toutes les jeunes filles de son âge lisaient alors. Oh Roméo, doux Roméo pourquoi te nommes-tu Roméo ? Mais la vérité était qu’elle n’avait pas été préparée à la véritable déferlante qui l’avait envahi lorsqu’elle avait réalisé ce qu’était réellement l’amour, le vrai. Celui contre lequel on ne peut lutter, qu’on ne peut nier quand bien même il nous dégoûte. Celui pour lequel on donnerait sa vie pour le ressentir à nouveau ou au contraire ne plus rien sentir du tout lorsque ce dernier a disparu. Son existence avait été faite d’incohérences qui la menaient aujourd’hui à se retrouver face à lui, face à cette évidence qui s’imposait une fois de plus et contre laquelle elle ne souhaitait plus lutter. C’était lui, ça avait topujours été lui et ce sera toujours lui.

Certes, il n’avait pas été ses premiers émois amoureux. Que son fiancé danois lui paraissait fade aujourd’hui devant la complexité et la profondeur que représentait Norman Fitzpatrick.

Certes, il n’avait pas été le premier avec qui elle avait découvert les joies indicibles de l’amour physique. Que son étreinte avec Alister lui paraissait aujourd’hui bien trop tendre comme un biscuit qui avait trempé dans du lait trop longtemps devant les violentes passions qui se dissimulaient dans le regard sombre de Norman Fitzpatrick.

Certes, il n’avait pas été celui pour lequel elle avait juré fidélité devant l’Eternel jusqu’à ce que la mort les sépare, ironie du sort. Que son mariage avec ce mortel lui paraissait incongru maintenu et tellement superficiel par rapport à ce qui l’unissait à Norman Fitzpatrick.

Certes, il n’avait pas été le dernier lien qui l’avait maintenu dans l’humanité, ayant été même la goutte d’eau qui avait fait déborder un vase déjà bien trop rempli. Que cette soudaine humanité sur le point d’être retrouvée lui paraissait aujourd’hui futile.

Norman n’avait été rien de tout cela. Et pourtant, il était ce tout qui faisait d’elle Livia Hagebak. Il aurait pu être son premier amant. Elle aurait pu être Livia Fitzpatrick. Ils auraient pu être le dernier espoir de l’humanité. Mais rien de tout cela ne devait arriver et cela était également une évidence.

La vampire, l’humaine, la jeune femme, elle ne savait plus comment se définir, se redressa et plongea son regard dans celui sang du nouvel arrivant. Une nouvelle évidence s’imposait à elle. Comment avait-elle pu lui reprocher de plaire ? Il n’y avait nul personne plus charmante et belle que celle de Norman. Comment reprocher à toutes ces inconnues de céder à ses charmes ? Et comment ne pas sentir son cœur se serrer et saigner en imaginant toutes ces inconnues qui avaient partagés et partageront les nuits de son évidence. C’était un adieu auquel elle devait se résoudre et Dieu seul sait combien de fois ils s’étaient dit adieux. Ou ils ne se l’étaient pas dit, se rappela-t-elle amèrement en se souvenant de ses nombreuses fuites sans un mot, sans un regard, avec lâcheté. Et les mots qu’il prononça furent autant de poignards  que de fleurs sur son cœur déchiré.

Elle ne put empêcher des larmes de monter dans ses yeux et couler le long de ses joues refroidies par le froid et non plus par la mort. Elles n’étaient pas encore tout à fait transparentes et ne le seraient qu’après la dernière injection. Il demeurait qu’elle avait parfaitement conscience de l’image qu’elle devait renvoyer à ce moment précis. Un panda échappé de l’asile psychiatrique. Elle se passa la main dans ses cheveux courts, levant les yeux au ciel et riant tout doucement à travers ses larmes sombres.

« Tu sais vraiment parler aux filles… »

Un enfant était tout ce qu’elle avait toujours désiré et elle pouvait l’avoir désormais grâce à cette seringue dans sa main mais le problème était qu’elle ne voulait un enfant que d’une seule personne et cette personne ne pouvait en avoir.

« Et tu es le seul que j’aurais souhaité avoir comme père de mes enfants. »

Elle haussa les épaules, consciente de l’impossibilité de la situation et des terribles erreurs qu’elle avait commise en chemin. Poussant un profond soupir, elle détourna le regard pour le porter sur la buée qui sortait de ses propres lèvres. Le silence s’installa pendant quelques secondes avant qu’elle ne se retourne vers le vampire sanguinaire qu’elle aimait malgré la raison et l’instinct humain qui prenait le dessus méthodiquement et lui intimait de fuir ce dangereux animal.

« Norman, est-ce que je peux… »

Elle arrêta sa phrase en plein milieu, fronçant légèrement les sourcils en observant celui avec lequel elle avait tant partageait et qu’elle avait tante de mal à se résoudre à laisser partir.

« Oh et puis flûte à la fin ! »

Sans lui demander son avis mais avec une lenteur presque humaine, avantagée par la courte distance qui les séparait, elle le prit soudainement dans ses bras avant de relever ses yeux redevenus bleus tempête, couleur qu’il ne connaissait pas, tout en glissant ses mains délicates dans la texture de jais de ses cheveux. Délicatement, elle déposa ses lèvres sur celles de Norman appréciant sans doute pour la dernière fois leur goût et leur texture qu’elle n’avait jamais oublié et qui avait continué de la hanter. Ainsi, sur un baiser, je meurs. Roméo n’avait pas totalement tort. Elle se détacha aussi délicatement, posant la seringue sur son bras.

« J’espère qu’un jour tu pourras me pardonner pour toutes ces années gâchées par ma faute. Je nous ai fait perdre tellement de temps. Je nous ai fait tout perdre. »

Elle l’aimait, c’était une évidence. C’était aussi simple et aussi compliqué que ça. Une humaine aimant un vampire.

Livia Hagebak-Dorsey
Livia Hagebak-Dorsey


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MessageSujet: Re: You know that silence is loud when all you hear is your heart. You know that silence is loud when all you hear is your heart. EmptyLun 4 Juil 2016 - 16:39

Chacune de leurs retrouvailles avaient une saveur différente. Le déchirement qui les avait éloigné loin de l’autre ressurgissait tout à coup, mêlé à l’euphorie de la retrouver, de revoir son visage si doux qui aurait apaisé n’importe laquelle de ses colères. Mais le temps, s’il ne s’inscrivait pas sur leurs visages, faisait à chaque fois son œuvre et les rendait différents, toujours. Ils avaient grandi, rarement mûri, changé de vie la plupart du temps. Leurs yeux ne racontaient jamais la même histoire.

Mais cette fois, c’était tout autre chose. Cette fois, elle avait vraiment changé. Les faibles battements de son cœur parvenaient aux oreilles du vampire centenaire, le sang qui coulait en un flot continu dans ses veines qui retrouvaient tout à coup leur fonction primaire. Son souffle court dessinait dans l’air des volutes de fumée, elle qui n’avait jamais fumé, attirant le regard de Norman vers ces lèvres si douces qu’il n’espérait plus revoir, moins encore effleurer. Cette fois, elle était humaine, ou presque.

Même s’il avait toujours trouvé l’idée révoltante, Norman n’était absolument pas surpris par sa décision. C’était une évidence, indiscutable. L’humanité de Livia ne l’avait jamais quittée, ou presque – le souvenir pénible de ce dernier baiser échangé, pire trahison qu’il ait commise, lui revint en mémoire comme une énorme claque. Mais sauf ces rares fois où elle avait perdu le contrôle, Livia n’avait jamais abandonné son humanité pour embrasser pleinement sa nature vampirique. Là où Norman avait trouvé sa raison de vivre – à jamais – elle avait perdu la sienne. Elle était aussi lumineuse qu’il était sombre, aussi pleine d’espoir qu’il était défaitiste, aussi vivante qu’il était mort. Alors quoi de plus normal pour elle que de retrouver pleinement cette humanité qui lui manquait depuis si longtemps ?

Pourtant, cette idée terrifiait Norman. Il n’aurait su mettre des mots dessus, mais il craignait de se retrouver face à une Livia humaine. Vraiment humaine. Son animalité avait repris le dessus ces derniers temps, balayant même parfois la prudence. Il perçait les peaux, arrachait les gorges, s’abreuvait à la source sans même réfléchir aux conséquences. Comportement suicidaire de la part d’un ennemi public qui semait les indices sur son passage comme un criminel dans les dernières pages d’un thriller. Alors si elle était humaine à nouveau… Pour le moment, son état n’étant pas encore complètement définitif, son sang n’avait pas encore l’odeur délicieuse qui réveillait son instinct. Mais que se passerait-il si… ? Avait-on vu acte plus érotique que celui d’une bouche mordant la peau tendre d’un cou, là où les épaules ne sont pas si loin ?

Norman avait déjà pratiqué ces dérives, souvent, se nourrissant en plein acte charnel tout en s’efforçant de ne pas tuer – pas tout de suite. C’était merveilleux, incroyable, une sensation inouïe, et son revers de médaille. Car le contrôle ne durait jamais longtemps, et une fois le paroxysme du plaisir atteint, les draps finissaient toujours par s’imbiber de rouge. Livia ne faisait rien pour l’aider à chasser ces pensées, tant son rythme cardiaque s’accéléra en le voyant. Elle n’y était pourtant pour rien, la pauvre. Mais le battement régulier lui vrillait les tympans, comme la bande-son assourdissante de ces retrouvailles douloureuses. C’est alors qu’il constata l’autre changement.

Norman n’avait jamais eu de mal à décrypter Livia. Il l’avait pratiqué de longues années, et savait lire en elle comme un recueil de poésie qu’on connaît par cœur, décodant chaque émotion, du spleen à la joie absolue. Parfois pourtant, dans ces yeux se cachait un éclat qu’il ne parvenait pas à comprendre. Un mystère incroyable, fascinant, qui semblait aujourd’hui avoir complètement disparu. Tout en elle trahissait ses émotions. Le rythme cardiaque pour commencer, et la fréquence de son souffle. Il pouvait même percevoir le frémissement léger de ses nerfs mis à rude épreuve, et l’imperceptible changement sur sa peau parcourue par un frisson lors qu’elle le vit. S’il avait encore eu un cœur, cette révélation lui aurait sans doute arraché une larme. Mais c’était sur son visage d’une beauté évanescente qu’elles coulaient, moins sombres qu’à l’accoutumée. Il fallait bien avouer que son entrée en matière était, comme toujours avec elle, d’une maladresse déconcertante qui conférait presque à la cruauté.

Sa réponse, même si ça n’était pas son intention, lui fit le même effet. Coup de poignard dans le muscle mort qui hantait sa poitrine. Il aurait fait un terrible père. Son égoïsme légendaire en était la preuve et surtout, Norman n’avait de sa vie réussi à aimer qu’une personne, et une seule. Jamais il n’aurait eu la force de partager cet amour en deux, même pour un enfant. Leur enfant. Ce petit être aurait été la plus belle chose au monde, mélange d’eux deux, et la pire en même temps. De toute manière, même s’il prenait ces foutues injections, la chose était impossible. Les anciens vampires mâles ne pouvaient plus se reproduire, et c’était sans doute mieux comme ça. Toujours était-il qu’entendre cette phrase sortir de sa bouche était aussi inespéré que triste et beau. Ainsi donc, elle lui pardonnait son déplorable comportement ? C’était impossible.

La suite des événements ne fit que le conforter dans son idée. A vrai dire, il avait été tellement désarçonné par l’idée d’être un père – qu’il n’avait jamais été, n’en déplaise à sa descendance – qu’il n’avait pas vraiment réalisé ce qui se déroulait, malgré l’infinie lenteur humaine de ses mouvements. Et là voilà qui se retrouvait dans ses bras, avec une chaleur étonnante qui apportait une nouvelle touche de changement à cette Livia là. Ca, et les yeux d’un bleu profond. De sa vie, jamais il n’avait vu une si jolie couleur. L’océan à côté n’était que d’un vulgaire bleu jean, la nuit d’un noir sans saveur, le ciel un voile flou sans saveur. Il s’y perdit un long moment, si long qu’il n’anticipa même pas ce baiser qui lui fit l’effet d’une tornade.

Ses lèvres douces et chaudes happèrent les siennes tandis qu’il y répondit en l’étreignant fort, si fort qu’il eut presque peur de la briser. Ses bras dans son dos furent surpris de ne pas sentir ses longs cheveux blonds les caresser, et il passa une main dans sa nuque fraiche pour la garder un peu plus longtemps contre lui. Lorsqu’elle s’éloigna un peu, il ne fit pourtant rien pour la retenir et il écouta ses excuses inutiles avec un calme qui ne lui ressemblait pas, encore assourdi par ce baiser qu’il n’espérait plus.

Tandis qu’elle approchait la seringue de son bras, il déposa son index sur ses lèvres rougies.

« Je t’ai pardonné depuis le premier jour où j’ai posé les yeux sur toi. »

Dans un geste d’une délicatesse infinie, une délicatesse qui ne ressemblait en rien à Norman Fitzpatrick, il l’attira à nouveau à lui. Cette tendresse inédite s’imposait vu la situation : un geste trop brusque aurait amené l’aiguille jusqu’à une de ses veines, et si l’issue était inéluctable, il préférait retarder un peu l’échéance. Son visage se cala dans le creux de son épaule comme si c’était sa place, et il respira son odeur nouvelle et pourtant si familière avec intensité.

« Je sais que c’est ce que tu désires le plus au monde. Que celui qui t’a arraché à la vie t’a détruite plus encore que moi je ne l’ai fait, et pourtant, j’ai placé la barre plutôt haute. »

Norman ferma les yeux tout en la gardant contre lui. Croiser une nouvelle fois ce bleu tout neuf l’aurait perturbé plus qu’il ne l’était déjà. Surtout quand tous les souvenirs de souffrance qu’il essayait pourtant de balayer lui revenait en mémoire.

« Et tu le mérites, sincèrement. Tu es la personne la plus humaine que j’ai jamais rencontrée, Livia Hagebak. »

Il déposa un doux baiser dans ses cheveux, puis sur son front avant d’y coller le sien, fixant son regard qui le paralysait et le rendait plus vivant que jamais à la fois.

«  Mais je ne supporterais pas de te perdre. Que ce soit aujourd’hui, si le poison que tu vas t’injecter te détruit de l’intérieur, ou dans 70 ans, quand ton corps fatigué s’éteindra. Je t’ai déjà perdue tellement de fois, mais tu étais juste loin. Je ne sais pas ce que je deviendrais si tu devais… »

Fermant les yeux une nouvelle fois, Norman l’insensible fut lui-même surpris lorsqu’une larme noirâtre perla au coin de son œil gauche.

« …partir.  »

Norman Fitzpatrick
Norman Fitzpatrick


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